Le chaos s'est rapidement installé dans l'hôpital. Notre équipe est allée aux urgences. L'un des patients, une enfant de trois ans, était blessée. Ses parents se tenaient juste à côté d'elle, inquiets car elle me regardait droit dans les yeux. Je me suis dit qu’elle allait bien parce qu’elle respirait et qu’elle me regardait. Mais lorsque j’ai enlevé son pansement, je me suis rendu compte qu’on pouvait voir l’os de sa cuisse gauche.
Quelques secondes plus tard, les portes se sont ouvertes avec fracas. Quatre ou cinq blessés sont entrés, dont certains étaient des secouristes. Parmi les blessés, il y avait un garçon qui ne respirait plus. Nous avons essayé de le réanimer, à ce moment-là l'infirmière nous a regardés et nous a demandé pourquoi nous nous occupions de lui alors que nous pouvions sauver d’autres vies. Personne n'a eu le courage de déclarer le décès et de passer à la personne suivante. C'était l'enfant de quelqu'un. Mais nous devions passer au suivant, puis à un autre, et cela a continué pendant quatre heures et demie.
Aux urgences, il y avait du sang et des patients partout sur le sol, parce qu’il n’y avait plus de lits disponibles. De plus en plus de blessés continuaient d’arriver. Notre collègue anesthésiste était aussi aux urgences. Je lui ai demandé ce qu'il faisait là et pourquoi il n'était pas au bloc opératoire. « Je viens d'apprendre que ma maison a été détruite et que ma fille et mon neveu sont ici quelque part », m'a-t-il répondu. Plus tard, nous avons appris que son neveu avait été tué.