Gaza : « Rien, absolument rien ne justifie ce que j'ai vu aujourd'hui »

Hôpital Al-Aqsa, Deir Al-Balah, Gaza, samedi 9 juin 2024
De nombreux blessés palestiniens sont pris en charge à l'hôpital Al-Aqsa à la suite des bombardements de l'armée israélienne samedi 9 juin 2024, Deir Al-Balah, Gaza. © Karin Huster/MSF

Samedi 8 juin, les bombardements massifs des forces israéliennes dans le centre de la bande de Gaza ont entraîné la mort de plusieurs dizaines de Palestiniens, au moins 274 selon le ministère de la santé à Gaza. Les frappes ont repris dimanche, au lendemain de la libération de quatre otages israéliens. Les équipes de Médecins Sans Frontières travaillent avec le personnel médical des hôpitaux Al-Aqsa, à Deir Al-Balah, et Nasser, à Khan Younis, pour tenter de soigner un nombre impressionnant de patients gravement blessés, dont beaucoup sont des femmes et des enfants.

« Samedi matin, vers 11H30, une énorme explosion s’est produite juste à côté de notre bureau, raconte Karin Huster, référente médicale à l’hôpital Al-Aqsa. Ensuite, il y a eu beaucoup de bombardements, des tirs très intenses, on pouvait voir des hélicoptères aussi. »

Une équipe médicale de trois personnes, dont Karin Huster, a réussi à se rendre à l’hôpital Al-Aqsa avec des fournitures et des médicaments en tout début d’après-midi. « C’était le chaos total dans les urgences, aggravé par ces derniers jours de bombardements intenses et plusieurs afflux massifs de blessés, poursuit la référente médicale. Il y avait des centaines de patients qui venaient de Nuseirat, nous avons fait tout ce que nous pouvions pour les stabiliser et nous avons pu en transférer certains vers l’hôpital Nasser, soutenu par MSF, et l’hôpital de campagne géré par International Medical Corps. »

« En l’espace d’une heure, nous avons reçu près de 50 patients gravement blessés, précise Chris Hook, responsable de l’équipe médicale à l’hôpital Nasser. Certains souffraient de multiples fractures ouvertes, au moins quatre personnes ont dû être intubées à cause de blessures graves à la poitrine et plusieurs enfants inconscients ont dû attendre avant d'être pris en charge aux soins intensifs. »

L’unité des soins intensifs de l’hôpital Nasser est actuellement pleine de patients et les ressources sont très limitées, notamment concernant les analgésiques. « Les blocs opératoires fonctionnent à plein régime et nous devons rationner la morphine et la kétamine alors que les patients en ont besoin, » continue Chris Hook.

Les patients reçus dans les hôpitaux d’Al-Aqsa et de Nasser présentent des blessures traumatiques, notamment des amputations, des éviscérations, des lésions cérébrales traumatiques, des fractures et des brûlures très étendues.

« Des enfants complètement gris ou blancs à cause du choc, brûlés, appelant leurs parents, d’autres ne pouvant pas crier parce qu'ils sont en état de choc… Rien, absolument rien ne justifie ce que j'ai vu aujourd'hui, décrit Karin Huster. Ces enfants, le bébé de trois mois, l'enfant de sept ans, l'enfant de douze ans qui est mort, l'homme de 25 ans, la femme de 78 ans qui ont tous d'horribles blessures : pourquoi ont-ils mérité cela ? Quel niveau d'horreur devons-nous atteindre avant d’agir, avant de dire à Israël que ce n'est pas acceptable ? »

Notes

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