MSF a dépêché deux équipes médicales supplémentaires sur place, en renfort de celles qui travaillaient déjà dans le camp d’Idomeni, qui héberge un nombre croissant de personnes.
« Les réfugiés, bloqués depuis plus d’un mois à Idomeni, éprouvent aujourd’hui de la frustration et un sentiment croissant de colère. Ce que nous avons vu aujourd’hui, c’est le résultat inévitable du fait que des milliers de personnes sont bloquées en Grèce, alors que le pays ne peut pas répondre aux besoins humanitaires et garantir la protection des réfugiés, explique Jose Hulsenbek, chef de mission de MSF en Grèce. Ces personnes ont besoin d’être traitées avec dignité, pas d’être confrontées à la violence, à des frontières fermées sans préavis et à l’incertitude. Cette absurde crise humanitaire créée par l’Europe devient de moins en moins gérable chaque jour qui passe ».
Dimanche matin, la situation était très tendue dans le camp. Du gaz lacrymogène, des projectiles en caoutchouc et des grenades assourdissantes ont été utilisées pour disperser la foule. Les équipes MSF ont prodigué des soins à 300 personnes, dont 200 présentaient des problèmes respiratoires suite à l’inhalation de gaz lacrymogène.
Environ 30 enfants âgés de 5 à 15 ans ont reçu des soins rien que dans le dispensaire géré par MSF dans le camp, après avoir été exposés à des gaz lacrymogènes. Deux d’entre eux ont raconté avoir été transportés en territoire macédonien, avec dix autres personnes, et d’avoir été battus par la police pendant une heure.
Plus de trente personnes en état de choc ont reçu un soutien psychologique. Sept personnes présentant des blessures ou des suspicions de fracture ont été transférées à l’hôpital local.
« Le dispensaire MSF a été plein toute la journée. Trois enfants nous ont été emmenés avec des blessures à la tête dues aux balles en caoutchouc. Les gens hurlaient, et nombreux d’entre eux tenaient des projectiles en caoutchouc dans les mains, décrit Conor Kenny, médecin MSF à Idomeni. Une femme enceinte, syrienne, est arrivée au dispensaire avec ses deux enfants. Elle m’a expliqué qu’elle était près de la frontière quand la police a commencé à lancer du gaz lacrymogène pour disperser la foule, que les gens se sont mis à courir et qu’elle est tombée. »