Guerre au Liban : aider à faire face aux traumatismes de la guerre

Un membre des équipes MSF organise des activités pour les enfants dans l'abri d'Azarieh à Beyrouth. Octobre 2024. Liban.
Un membre des équipes MSF organise des activités pour les enfants dans l'abri d'Azarieh à Beyrouth. Octobre 2024. Liban. © Antoni Lallican/Hans Lucas

Selon les autorités libanaises, le nombre de personnes déplacées dans le pays s’élève désormais à plus de 1,2 million. Qu'elles soient réfugiées dans un abri installé par les autorités ou chez des membres de leurs familles, elles sont confrontées aux bombardements massifs de l’armée israélienne et aux difficultés d’accès aux soins. Les équipes MSF leur apportent un soutien notamment à l’aide de cliniques mobiles et grâce à une ligne téléphonique de soutien psychologique.

Le soir du 28 septembre, Ezdihar et sa famille dînaient chez eux dans la banlieue sud de Beyrouth lorsqu’ils ont reçu une alerte concernant une frappe imminente de l’armée israélienne.  Ils ont alors cherché refuge dans le centre de la capitale libanaise.

Après avoir passé une première nuit dans la rue, ils se sont installés dans le refuge d’Azarieh, un bâtiment commercial qui abrite aujourd’hui quelque 3 500 personnes déplacées. « Ma fille n’a que 14 ans, mais elle a été confrontée à tant de difficultés, déplore Ezdihar. Avec tous ces bombardements, elle a été forcée de grandir vite. » 

Les équipes MSF répondent aux besoins médicaux et de santé mentale des personnes vivant dans des abris collectifs comme celui d’Azarieh, et notamment à ceux des enfants, qui, comme la fille d’Ezdihar, sont confrontés aux atrocités de la guerre. En moins d’un mois, depuis que l’armée israélienne a commencé à bombarder massivement le Liban, plus de 2 500 personnes ont été tuées dans le pays, tandis qu’on compte plus de 12 000 blessés, selon les autorités locales. 

Ezdihar al Diqa, 39 ans, et sa fille Nouraya, 14 ans, dans la chambre qu’elles partagent depuis le 29 septembre avec 14 autres personnes dans l'abri d'Azarieh dans le centre de la capitale libanaise. Octobre 2024.
 © Antoni Lallican/Hans Lucas
Ezdihar al Diqa, 39 ans, et sa fille Nouraya, 14 ans, dans la chambre qu’elles partagent depuis le 29 septembre avec 14 autres personnes dans l'abri d'Azarieh dans le centre de la capitale libanaise. Octobre 2024. © Antoni Lallican/Hans Lucas

La violence et la destruction dont les habitants du Liban sont témoins peuvent avoir des répercussions durables sur leur santé mentale. Ces événements touchent plus durement les enfants, déracinés de leur foyer, déscolarisés et éloignés de leurs amis, « De nombreux parents observent des problèmes de comportement chez leurs enfants, comme de la colère, de l’agressivité ou d’autres comportements troublants, ce qui accroît leur inquiétude », explique Amani Al Mashaqba, responsable des activités de santé mentale MSF dans le gouvernorat de la Bekaa. Les enfants ne sont cependant pas les seuls à avoir besoin d’un soutien en santé mentale. De nombreux patients de MSF déclarent se sentir dépassés et traumatisés, et expriment de profondes inquiétudes quant à leur avenir dans cet environnement instable.  

La perte de membres de la famille et la douleur de la séparation due au déplacement aggravent encore leur détresse. Certains s’inquiètent de la gestion de problèmes de santé chroniques ou de la perte d’une année scolaire. Ces expériences douloureuses ont un impact significatif sur la santé mentale. « Cela affecte durement leur vie quotidienne, et beaucoup souffrent de troubles du sommeil ou de perte d’appétit », poursuit Amani Al Mashaqba. 

Les équipes MSF fournissent notamment des premiers secours psychologiques et de la psychoéducation grâce à des cliniques mobiles. MSF a également lancé une ligne d’assistance téléphonique qui permet de s’entretenir gratuitement avec un psychologue, ce qui permet à ceux qui le souhaitent de recevoir des conseils sur la gestion du stress lié à la guerre ou au deuil. 

« Cette ligne téléphonique nous permet d’atteindre les personnes qui ne peuvent pas accéder à nos services en personne, en particulier dans le sud du Liban, où les bombardements massifs et les restrictions de déplacement rendent les mouvements difficiles, explique Amani Al Mashaqba. C'est crucial durant une période d'instabilité, car de nombreuses personnes sont déplacées et ne peuvent pas accéder aux soins, notamment en raison du coût élevé des transports ou de la stigmatisation culturelle entourant la santé mentale. » 

Une famille de personnes déplacées partage un repas dans leur chambre de l'abri d'Azarieh à Beyrouth. 
 © Antoni Lallican/Hans Lucas
Une famille de personnes déplacées partage un repas dans leur chambre de l'abri d'Azarieh à Beyrouth.  © Antoni Lallican/Hans Lucas

La plupart des personnes qui appellent la ligne d’assistance sont des parents qui ont constaté des changements dans le comportement de leurs enfants. Les psychologues MSF soutiennent les parents et leur donnent les moyens d’expliquer la situation de manière simple et claire tout en leur permettant de créer des espaces de discussion sécurisés, au sein desquels les enfants peuvent s’exprimer. 

« Il est important que les parents écoutent leurs enfants et comprennent comment ces bruits et ces événements les affectent, insiste Amani Al Mashaqba. Ils peuvent les encourager à partager leurs sentiments à travers la discussion mais aussi grâce au dessin. » Au total, la ligne d’assistance MSF a reçu près de 300 appels liés à la santé mentale, la majorité au cours des deux dernières semaines seulement. 

De plus, grâce aux cliniques mobiles, les équipes MSF ont apporté des premiers secours psychologiques à près de 5 000 personnes lors de séances collectives, et à plus de 450 lors de séances individuelles. Elles distribuent également des articles non alimentaires essentiels tels que des matelas et des kits d’hygiène aux personnes déplacées.

Notes

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