Avec la Covid-19, nous ne pouvons évidemment plus organiser de grands rassemblements. Nous avons donc adapté nos méthodes et favorisé les formations et les sensibilisations en petits groupes. Pour les formations sur la Covid-19, nous avons ciblé certains groupes-clés comme les relais communautaires, les directeurs d’école et les associations de quartier et formé ainsi plus de 120 personnes. C’est la base de l’engagement communautaire. A leur tour, ils peuvent ensuite diffuser l’information à leur entourage en vue de se protéger du virus.
Nous avons également renforcé nos activités de porte-à-porte pour sensibiliser les habitants sur l’existence de la maladie, les gestes de prévention à adopter et les encourager à aller se faire soigner avant qu’il ne soit trop tard Dans le contexte actuel, face aux rumeurs qui circulent, cet échange est fondamental car il nous permet de comprendre quelles sont les préoccupations principales des gens et ils peuvent à leur tour poser toutes les questions qu'ils se posent.
Plus la population comprend comment la maladie fonctionne et se transmet, plus elle est à même d’identifier les situations les plus à risque dans son quotidien et d’adapter les moyens de protection à sa réalité. Les mesures préventives comme le port du masque, la distanciation physique, ou encore le lavage des mains ne sont pas ou très difficilement applicables pour une partie de la population en Haïti. Quand il ne faut pas choisir entre nourrir ses enfants ou acheter un masque, c’est l’accès à l’eau ou au savon qui pose des problèmes. Sans parler de la distanciation physique dans un quartier comme Martissant qui a une densité de population parmi les plus élevées au monde. Ensemble avec les habitants, nous essayons de penser à des alternatives adaptées à leurs conditions de vie comme des points de lavage des mains collectifs par exemple.
MSF est présente en Haïti depuis près de 30 ans et assure des soins gratuits, notamment dans des quartiers très sensibles de Port-au-Prince, connus pour leur niveau d’insécurité. Cela nous a permis de créer une solide relation de confiance avec la population. Face aux rumeurs, cette confiance est un atout. En tant que promoteurs de la santé, notre rôle est d’aider à maintenir ce lien de confiance grâce à l’écoute active et des échanges continus avec la population.