Depuis plus d'un mois, Walson et son épouse veillent au chevet de leur fils Walderson, cinq ans, à l'hôpital MSF de Saint-Louis, à Port-au-Prince. A tour de rôle, ils se relaient pour assurer une présence à l'hôpital tout en s'occupant de leurs trois autres enfants qui vivent dans une petite tente installée devant leur maison fissurée par le séisme.
La jambe gauche de Walderson est brûlée au troisième degré. Sa mère était en train de cuisiner dans la petite tente qu'ils occupent dans le quartier de Delmas 33. Walderson jouait avec son frère jumeau lorsque son pantalon a accroché la casserole d'eau bouillante. L'enfant a été ébouillanté sur 12% de la surface du corps.
« Ca faisait mal ampil », se souvient le petit, en créole. Ampil veut dire beaucoup. « Il avait des ampoules sur la peau, il était mal. Heureusement que sa maman l'a retiré tout de suite », précise Walson, enrobé dans la blouse de protection qui est de rigueur dans ce service stérilisé sous tente. « Avant, il allait au bloc pour recevoir des soins sous anesthésie mais aujourd'hui, on change juste son pansement tous les deux jours. »
Walderson a été opéré par l'équipe chirurgicale d'urgence dans l'hôpital en tentes de MSF, installé sur le terrain de jeu de l'école Saint-Louis. Début avril, lorsque MSF a mis en place l'unique service spécialisé pour les grands brûlés de l'île, Walderson y a été admis. Les patients occupent la totalité des 27 lits que compte le service : des accidentés de la route, d'autres électrocutés en réparant les fils électriques endommagés par le séisme et, pour la plupart, des enfants brûlés par l'eau ou l'huile bouillante.
Les conditions de vie pour les centaines de milliers de sinistrés, à Port-au-Prince et ailleurs, sont propices aux nombreux accidents domestiques. Dans un espace exigu pour une famille nombreuse, la cuisine est préparée à même le sol sur du charbon ardent.
Aujourd'hui, Walderson redouble d'énergie : il est assis sur le lit, puis debout, il fait quelques pas... puis se couche sur le lit à nouveau. La grande tente stérilisée du service des brûlés est devenue son terrain de jeu, mais Walderson a déjà d'autres projets : « aller à l'école pour apprendre et jouer au football dehors. »
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