Haïti : un hôpital de traumatologie au cœur des violences à Port-au Prince

Au cours des trois mois qui ont suivi son ouverture, l'hôpital de traumatologie de Tabarre, géré par Médecins Sans Frontières (MSF) à Port-au-Prince, a admis plus de 360 patients nécessitant des soins vitaux, dont plus de 220 patients blessés lors des épisodes de violence dans la capitale.
« Depuis l'ouverture de l'hôpital de Tabarre, fin novembre 2019, nous avons constaté quotidiennement l'impact dévastateur de la violence - des combats entre gangs à la violence associée aux manifestations politiques - sur la vie des habitants de Port-au-Prince et au-delà », raconte Hassan Issa, chef de mission MSF en Haïti. En effet, depuis septembre 2019, d'importantes manifestations, souvent violentes, ont lieu dans la capitale, en contestation de la hausse du coût de la vie et du manque d'opportunités économiques.
« Le nombre de blessures graves dues à la violence que nous avons traitées reflète la situation désastreuse qui règne aujourd'hui dans les zones urbaines d'Haïti, où fusillades, détournements de voitures et enlèvements se produisent régulièrement », renchérit Hassan Issa.

MSF a rapidement doublé la capacité de l’hôpital en passant à 50 lits afin de pouvoir prendre en charge davantage de patients. Depuis lors, l'hôpital tourne quasiment à plein régime, avec des pics d'admission sporadiques à la suite d'incidents violents majeurs ou d'accidents.
En trois mois, l'équipe de traumatologie a pris en charge des patients de nombreux quartiers de Port-au-Prince et des alentours ; principalement pour des blessures par balle et des accidents de la circulation.

L'hôpital est ouvert quotidiennement pour répondre aux besoins de la population. Lorsque nécessaire, MSF met en place des trajets accompagnés pour le personnel afin d'assurer un service 24h / 24, malgré les barrages routiers armés et un couvre-feu dans toute la ville, mis en place ponctuellement, comme il y a peu suite à une fusillade meurtrière entre l'armée et des manifestants de la police. Outre les soins d'urgence, des consultations de suivi et de physiothérapie en ambulatoire sont proposées aux patients depuis janvier.