Ces dernières semaines dans la province d’Helmand, les combats se sont intensifiés et se sont rapprochés de la capitale, Lashkar Gah. Bien que les affrontements aient diminué ces derniers jours, les alentours de la ville sont encore en proie aux violences. Nous avons constaté une baisse significative des admissions à l’hôpital Boost, établissement de 300 lits que nous gérons en collaboration avec le ministère de la Santé afghan. L’hôpital, qui est d’habitude régulièrement dépassé par les arrivées de patients, a vu le nombre d’admissions aux urgences fortement baisser.
Il est très frustrant pour notre équipe de constater l’impact des conflits sur l’accès aux soins. Habituellement, les lits du service pédiatrique ou du centre thérapeutique nutritionnel intensif sont occupés par des enfants et des jeunes patients bruyants, qui occupent parfois un même lit à deux pour un traitement contre la malnutrition ou d’autres conditions sévères. Mais ces jours-ci, il règne dans ces services un calme sinistre et beaucoup de lits sont vides. Les lits vides sont le reflet de la guerre.
Avec l’accalmie de ces derniers jours, le service pédiatrique et le centre thérapeutique nutritionnel intensif retrouvent peu à peu leur ambiance habituelle, mais les admissions aux urgences restent irrégulières d’un jour sur l’autre.
Il y a environ une semaine, une jeune fille de 15 ans originaire du district de Nawa a été admise pour un cas de méningite – maladie grave nécessitant des soins immédiats. Ses parents nous ont appris qu’elle était malade depuis au moins une semaine. Ils savaient que son cas était grave et auraient voulu l’amener plus tôt, mais ne pouvaient tout simplement pas. Le district de Nawa, pourtant très proche de l’hôpital, a été le théâtre de nombreux combats récemment. Nous l’avons admise tout en sachant qu’il était sans doute déjà trop tard. 24 heures après le début du traitement, elle est tombée dans le coma et est malheureusement décédée.
Nous avons également admis un petit garçon de sept ans souffrant de problèmes respiratoires sévères. Sa famille nous a dit qu’il présentait des symptômes depuis douze jours. En l’examinant, nous avons découvert qu’il souffrait d’un pneumothorax. Il s’agit d’une accumulation d’air dans la cage thoracique causée par une blessure au poumon. Nous avons inséré un tube de drainage dans son poumon et son état s’est amélioré très rapidement. Il devra garder le tube quelque temps, jusqu’à ce que son poumon se rétablisse.
Une radiographie de ses poumons a également révélé qu’il était atteint de tuberculose, un véritable problème de santé publique dans le Helmand. Peu de temps après avoir commencé son traitement contre la tuberculose, il était en mesure de se promener dans l’hôpital comme n’importe quel enfant curieux de sept ans. Mais il marchait avec difficulté, et un examen médical a révélé que sa hanche gauche était disloquée. Étant donné l’urgence de la situation quand ils sont arrivés, ses parents n’avaient pas précisé qu’il avait eu un accident de voiture douze jours auparavant. C’est ce qui a causé son problème au poumon et à la hanche. Sa hanche a été remise en place et le jeune garçon est actuellement en convalescence aux soins intensifs du service pédiatrique.
L’histoire de ce jeune garçon montre que même lorsqu’un patient souffre d’une maladie grave et arrive très tard à l’hôpital, il y a encore un espoir. Mais ces obstacles mettent des vies en danger. Les gens doivent pouvoir arriver plus tôt au centre de soins.