Hépatite C : au Cambodge, des médicaments à un prix abordable pour sauver des vies

Hépatite C : au Cambodge, des médicaments à un prix abordable pour sauver des vies
Les médicaments d'un patient de la clinique MSF consacrée à l'hépatite C, à l'hôpital Preah Kossamak de Phnom Penh, au Cambodge. Avril 2017. © Todd Brown

71 millions de personnes dans le monde sont infectées par le virus de l’hépatite C. Ces dernières années, des médicaments efficaces, appelés antiviraux à action directe (AAD), sont devenus plus abordables et guérissent 97% des patients. Cependant, l'accès à ce traitement reste difficile dans des pays comme le Cambodge, où l'hépatite C est un problème de santé majeur. 

Médecins Sans Frontières travaille avec le ministère cambodgien de la Santé de l’hôpital Preah Kossamak, situé dans la capitale Phnom Penh, pour améliorer l’accès des patients aux AAD. Ensemble, les équipes ont mis au point des méthodes novatrices de diagnostic et de traitement de l’hépatite C.

Au début du projet en 2016, le traitement de l'hépatite C, qui intervient après le dépistage, pouvait prendre jusqu'à 140 jours. « Les patients étaient effrayés, déclare le Dr Sann de MSF, qui a examiné des centaines de patients au cours des trois dernières années. On leur disait qu’ils étaient porteurs du virus de l'hépatite C, mais ils devaient encore attendre longtemps avant que le traitement ne commence. Ils ne savaient pas ce que le virus faisait à leur corps et avaient peur de ce qui pouvait leur arriver. »
 

Moins de rendez-vous chez le médecin

Vanna Chou a commencé le traitement par AAD il y a quelques semaines. « J'avais les symptômes de l'hépatite C : maux de tête, fièvre et j'avais froid, dit-il. J'ai d'abord essayé la médecine traditionnelle, mais ça n’a pas fonctionné. Après avoir vu sur Facebook que MSF proposait des traitements à Phnom Penh, j'ai décidé de prendre un bus depuis Siem Reap, où je vis, un trajet qui dure 8 heures. Au début, j'étais inquiet, je ne savais pas qu'il existait un traitement simple contre l'hépatite C. Mais on m’a tout expliqué. »

Avant, les patients devaient se rendre à la clinique de l'hôpital de Preah Kossamak huit fois pour établir un diagnostic, avant de débuter le traitement. Chou a quant à lui pu commencer son traitement dès la deuxième visite à la clinique grâce à deux améliorations essentielles. La première concerne le traitement : tous les patients reçoivent désormais le même, quels que soient le type et le stade de leur maladie. Cela signifie qu'ils n'ont plus besoin de la plupart des analyses de pré-traitement requises auparavant. La seconde concerne la qualité des médicaments : les AAD sont fiables, et les tests complémentaires ne sont plus nécessaires. Au total, les patients ont maintenant cinq consultations médicales au lieu de 16, ce qui facilite leur vie.
 

Père de trois enfants, Din Savorn, 50 ans, vit à Phnom Penh, au Cambodge. Son infection par le VHC a été diagnostiquée en 1999. 
 © Todd Brown
Père de trois enfants, Din Savorn, 50 ans, vit à Phnom Penh, au Cambodge. Son infection par le VHC a été diagnostiquée en 1999.  © Todd Brown

Seng Sreymom s'est présentée à la clinique pour sa dernière analyse de sang 12 semaines après la fin de son traitement, afin de déterminer si le virus avait complètement disparu de son système sanguin. « Je suis femme de ménage et à chaque rendez-vous, je dois demander la permission de quitter le travail à mon patron, déclare Seng. Ils doivent trouver quelqu'un pour me remplacer. Cela a bien fonctionné jusqu'à présent. »

Les frais de transport pour aller à la clinique représentent un fardeau pour les patients. « Beaucoup de Cambodgiens vivent en-dessous du seuil de pauvreté, explique le docteur Somalene Pa, qui travaille dans la clinique MSF depuis 2016. C’est mieux pour les patients s’ils ont moins de consultations, cela leur permet de dépenser moins dans les transports. »

Traiter plus de patients avec le même nombre d'employés

Le nouveau traitement est plus simple pour les patients, et il est également plus efficace pour le personnel médical. Un seul des rendez-vous médicaux nécessite la présence d’un médecin, les autres sont gérés par des infirmiers. « Les responsabilités des infirmiers ont considérablement augmenté », déclare Savorn Choup, infirmier superviseur. « Nous trions les patients et de nombreuses consultations sont effectuées par des infirmiers. »
 

Lydia Rebiha, superviseuse des soins infirmiers, prend la parole lors d'une réunion de groupe à la clinique MSF de l'hôpital Preah Kossamak de Phnom Penh, au Cambodge, le 21 avril 2017.
 © Todd Brown
Lydia Rebiha, superviseuse des soins infirmiers, prend la parole lors d'une réunion de groupe à la clinique MSF de l'hôpital Preah Kossamak de Phnom Penh, au Cambodge, le 21 avril 2017. © Todd Brown

Moins de rendez-vous signifie moins d’attente dans la clinique : un plus grand nombre de patients peuvent être traités par la même équipe. Plus de 13 000 patients ont été soignés à la clinique depuis 2016.

Le changement de modèle de soins a permis d'améliorer la qualité du traitement. Le taux de guérison reste stable à 97%. De nombreux patients, y compris Seng Sreymom, acceptent d'être appelés quelques jours après leur dernier test sanguin pour connaître les résultats, ce qui leur évite un rendez-vous supplémentaire.

Trouver des personnes infectées avant que la maladie ne se déclare

À long terme, l’objectif est de simplifier le traitement de l’hépatite C et d'être plus proche des patients, afin qu’ils ne soient plus obligés de parcourir de longues distances pour se rendre aux consultations. MSF met actuellement en œuvre un système de soins décentralisé, dirigé par des infirmiers et mis en œuvre dans des centres de santé dans les districts ruraux de la province de Battambang. « Nous espérons éliminer l'hépatite C au Cambodge d'ici 2030 », annonce Dr Chhit Dimanche, chef du service d’Hépato-gastro-entérologie de l'hôpital Preah Kossamak.
 

« Notre façon de travailler ne doit pas se limiter au Cambodge, ajoute le Dr Sann. Cette nouvelle méthode de traitement peut être introduite n'importe où en Asie ou en Afrique. Ce ne sont pas des paroles vaines, c’est ce que nous avons appris grâce à notre projet pilote ici à la clinique. »

MSF et l'hépatite C

MSF traite des personnes atteintes d'hépatite C dans plusieurs pays et a lancé des projets dédiés en Iran, au Myanmar, en Ukraine, au Pakistan, en Inde et au Cambodge. En 2018, MSF a fourni un traitement contre l'hépatite C à 14 419 personnes dans le monde, avec un impact considérable sur leur vie.

Notes

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