Nous avons reçu une ambulance remplie de femmes et d’enfants après la reprise du quartier de Zanjili, dans le nord-ouest de Mossoul, pendant les combats des centaines de personnes ont été blessées. Une petite fille de quatre ans du nom de Rama, qui souffrait d’un terrible traumatisme crânien, nous a été amenée presque sans vie. Nous avons réussi à la sauver et elle s’est bien remise. Elle avait peur car elle était toute seule, mais nous avons établi une relation de confiance et elle a pu nous aider à retrouver sa famille. Le personnel a posté sa photo sur Facebook, et dès le lendemain, son oncle est venu l’identifier. Son père était décédé, mais sa mère, ses frères et sœurs étaient vivants, bien que blessés. J’ai dit à son oncle de les amener pour qu’on les soigne. Et lorsque Rama a vu sa famille, elle a fondu en larmes et s’est jetée dans les bras de sa mère. Nous avons alors transféré toute la famille afin qu’ils ne soient plus séparés.
La nuit, les roquettes et les frappes aériennes illuminent le ciel, tandis que des hélicoptères attaquent la vieille ville. Je regarde les éclairs dans le ciel nocturne, les murs et les fenêtres tremblent à chaque détonation. Je pense aux prochains patients, j’espère qu’ils arriveront vivants à l’hôpital.
Le 12 juin, nous avons dû évacuer suite à un incident sécurité. Et le 20 juin, je suis de retour à Paris pour discuter de mon expérience à Mossoul-Ouest. La situation là-bas s’est détériorée, il est clair que la sécurité de l’équipe comme des patients ne peut être garantie. Si nous avons réussi à mettre sur pied cet hôpital avec le minimum de choses, nous avons en revanche échoué parce que nous n’avons pas pu rester pour faire ce que nous devions. Au total, nous avons soigné 50 patients dans notre hôpital de Mossoul-Ouest.