Des équipes de l’organisation médicale internationale Médecins Sans Frontières travaillent des deux côtés de la frontière pour répondre aux besoins médicaux urgents des déplacés dans des cliniques mobiles et des centres de santé mis en place dans les camps de transit et de déplacés.
Depuis le 3 août, quelque 200 000 personnes ont fui leurs maisons. Des milliers ont dû marcher plus de sept heures à travers la montagne avec des températures excédant les 50°C pour atteindre la Syrie et être ensuite transportées plus au nord. De nombreuses personnes restent néanmoins bloquées dans les montagnes irakiennes de Sinjar, dans l’impossibilité de fuir par peur des forces de l’ES qui encerclent la région.
« Avec l’aide d’ONG locales nous avons pu distribuer plus de 20 tonnes de nourriture et 60 000 litres d’eau en bouteille aux trois points de transit situés sur la route menant au poste frontière,a déclaré le Dr Gustavo Fernandez, responsable de programme pour MSF. Nous avons également fait parvenir de l’eau et de la nourriture à des personnes encore bloquées dans la montagne, et nous envisageons les différentes possibilités d’y acheminer du matériel médical. »
MSF a également mis en place deux postes de santé pour fournir les premiers secours et la réhydratation des nouveaux arrivants dans un camp de transit où plus de 10 000 personnes se sont regroupées. Les personnes qui requièrent plus de soins médicaux sont transférées à l’hôpital local ou une équipe de MSF soutien les services chirurgicaux, obstétriques et pédiatriques. MSF a mis en place un système de références avec trois ambulances qui fonctionnent jour et nuit pour transporter les blessés et les malades à l’hôpital.
Depuis le début de cette dernière vague de déplacement, les équipes médicales de MSF ont fourni les premiers secours à quelque 1 000 patients iraquiens et opéré 147 blessés de guerre.
« Plus le temps passe, plus les personnes montrent des signes d’épuisement, ajoute le Dr Fernandez. Elles sont fatiguées, ont faim et soif. Beaucoup sont traumatisées et fondent en larmes quand elles arrivent au camp. »
Depuis le début des violences, plus de 60 000 personnes ont transité par la Syrie pour rejoindre la région Kurde de l’Irak, plus sûre.
« Au cours des trois derniers jours, au moins six personnes sont mortes d’épuisement et de déshydratation dans le camp de transit et on nous rapporte que plusieurs autres sont décédées dans la région assiégée de Sinjar, ajoute le Dr Fernandez. La situation de plus en plus critique à travers le pays rend l’accès aux populations bloquées dans les zones de conflit impossible. »
La détérioration de la sécurité a contraint MSF à suspendre ses activités à Tikrit dans le nord-est du pays et à interrompre momentanément ses cliniques mobiles dans les zones situées entre Erbil et Mossul. Afin de continuer à fournir une assistance médicale aux populations déplacées, MSF a mis en place une clinique mobile dans le camp de Bahara au nord de la ville d’Erbil. Plus de 1000 personnes vivent actuellement dans ce camp qui reçoit de nouveaux déplacés chaque jour.
Cette récente vague de déplacement s'ajoute aux nombreux mouvements de populations que connaît le pays en crise. Avant cet afflux de populations, la région kurde accueillait déjà plus de 350 000 personnes déplacées ainsi que 230 000 réfugiés syriens. Le nombre de personnes déplacées en Irak est estimé à 1,2 million, dont environ 500 000 personnes ayant fui le conflit dans la province d’Anbar. Une majorité de déplacés sont toujours à l’intérieur de la province d'Anbar et souffrent d'un cruel manque d'accès aux soins et leurs besoins les plus basiques ne sont pas couverts. Dans la ville de Heet, située dans la province d’Anbar, qui héberge quelque 80 000 personnes déplacées, MSF fournit un soutien médical et des ressources humaines pour les consultations ambulatoires à l'hôpital.
Malgré le conflit en cours en Irak, qui complique grandement le travail des organisations humanitaires dans le pays, MSF s’efforce de fournir une aide médicale au peuple irakien. Depuis 2006, MSF est présente en continue en Irak. Pour assurer son indépendance opérationnelle, MSF n’accepte de financements d’aucun gouvernement, groupe religieux ou agence internationale pour ses programmes en Irak, et ne repose que sur les contributions de donateurs privés du monde entier pour mener ses activités. En Irak, MSF emploie actuellement plus de 300 personnes.
Aller plus loin► Consultez notre dossier consacré à la situation en Irak.