Jehad, 20 ans, patient MSF

Le 27 décembre 2008, l'opération militaire israélienne "Plomb durci" était lancée sur la bande de Gaza. Huit mois après, quelles conséquences pour la population civile ? Rencontrés en juillet dernier, patients et personnels MSF - expatriés et palestiniens - témoignent.

« C'était le 3 janvier. J' étais sur mon vélo, j' allais à l'université. Un avion m' a bombardé, je ne sais pas pourquoi.

J' ai perdu conscience, je suis resté vingt jours dans le coma, je me suis réveillé dans un hôpital saoudien.

Et là j'ai vu que je n' avais plus mon bras gauche. J' avais des fractures ouvertes aux deux tibias, des éclats dans le visage, une perte d'audition... J' étais si fatigué...

J'ai passé cinq mois en Arabie Saoudite. Puis je suis revenu en avion via le Caire. Il a fallu attendre deux jours pour avoir le droit de traverser la frontière, à Rafah. Un ami, suivi ici, m' a conseillé de me faire soigner par MSF.

J' ai eu du mal à me faire à ce nouveau corps, je me débrouille presque seul aujourd' hui mais c' est dur...

J'ai perdu une année d' études, j' espère pouvoir retourner l'an prochain à l' université mais j' ai des problèmes pour écrire. Le bras artificiel que j'ai n'est pas fonctionnel, que esthétique.

Aujourd'hui, il y a beaucoup de gens handicapés dans la bande de Gaza. Il y a beaucoup de veuves, d' orphelins, de sans abris aussi.

Les enfants ont peur. Notre avenir me paraît très difficile. Mais je suis né ici, j' aime Gaza, je veux y faire ma vie : étudier, me marier, fonder une famille... »

 

Notes

    À lire aussi