Journée mondiale du paludisme - L'accès au meilleur traitement n'est pas garanti

Sierra Leone avril 2008.
Sierra Leone, avril 2008. © Anna-Karin Moden/MSF

A l'occasion de la Journée mondiale contre le paludisme, MSF regrette que l'initiative récemment lancée par le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, ne garantisse pas aux patients l'accès aux médicaments les plus efficaces.

Un partenariat international vient d'être lancé par le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme afin de permettre l'accès aux médicaments contre le paludisme à des millions de personnes.

L'organisation humanitaire médicale Médecins Sans Frontières (MSF) regrette néanmoins l'insuffisance d'une telle démarche, qui ne garantit pas l'accès des malades aux traitements les plus efficaces et aujourd'hui disponibles.

L'Initiative "Médicaments Accessibles Contre le Paludisme" (Affordable Medicines Facility for Malaria - AMFm) a pour but de subventionner massivement les médicaments combinés à base d'artémisinine (ACT), actuellement les plus efficaces.

Cette Initiative devrait permettre de réduire suffisamment le prix des ACT pour éliminer du marché les traitements anciens et inefficaces, encore achetés aujourd'hui en raison de leurs bas prix.

« L'AMFm a le potentiel de sauver des vies et elle peut limiter le développement de résistances aux ACT», explique le Dr. Tido von Schoen-Angerer, Directeur de la Campagne d'Accès aux Médicaments Essentiels de MSF.

« Mais les critères d'achat des traitements antipaludéens subventionnés par l'Initiative sont tels qu'ils n'assurent en rien que cela soit effectivement le cas

En effet, le Fonds Mondial a récemment indiqué qu'il n'achèterait pas exclusivement des médicaments combinés en un seul et même comprimé.

Pourtant, lorsque le choix est possible, ces combinaisons à dose fixe (FDC) permettent une meilleure observance du traitement qu'avec les médicaments se présentant sous forme de comprimés séparés (appelés co-blisters). Par ailleurs, ils réduisent le risque de développement de résistances au traitement.

Les principaux antipaludéens sont disponibles en co-formulation auprès de différents producteurs et répondent aux normes de qualité de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Dans l'année à venir, plusieurs autres producteurs devraient d'ailleurs être en mesure de fournir de nouveaux FDC.

Le Dr. Suna Balkan, référent médical pour MSF, regrette qu'en autorisant l'achat de co-blisters, le Fonds mondial n'aille pas au bout de sa démarche:

« Les progrès enregistrés dans la lutte contre le paludisme sont réels, et l'on peut espérer qu'une telle initiative permette d'améliorer l'accès des patients aux traitements.

Pour autant, dans les pays où c'est possible et vu l'ampleur de la démarche, on regrette que l'AMFm ne garantisse pas aux patients l'accès aux médicaments en co-formulation, qui sont les plus efficaces et aujourd'hui disponibles. »

MSF demande donc au Fonds mondial et aux organisations internationales qui soutiennent l'AMFm de réviser les critères de choix des médicaments antipaludéens financés afin d'éviter le risque de développement de résistances, comme cela avait été le cas par le passé avec la chloroquine.

Notes

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