Mais ici, elle se meurt. Elle peut à peine respirer à cause d’un asthme sévère. Elle ne peut pas manger de nourriture solide et ne parvient pas à parler tant elle manque de souffle. Elle pleure fréquemment, et doit sa survie à son fils et sa belle-fille qui la nourrissent avec des boissons sucrées.
« Ici on vit avec rien, mais au moins on est en sécurité. Notre principal problème c’est que ma belle-mère est malade. J’espère qu’une ONG pourra nous aider et lui fournir une assistance médicale. Ça nous attriste beaucoup de l’entendre souffrir et tousser jour et nuit », déclare Jahura.
« Cela nous aiderait si mon mari pouvait trouver un travail. Mais c’est impossible dans le camp, et nous n’avons pas le droit d’aller dans la ville de Cox’s Bazar pour chercher un emploi », indique-t-elle, en ajoutant que les checkpoints des autorités bangladaises empêchent les Rohingyas de quitter le camp.
Pour Zulcher, 65 ans, qui a fui la ville de Bosedong, la vie dans le camp voisin de Balukhali est un combat quotidien. Comme des centaines d’autres, elle a passé sept heures à attendre dans la queue à un point de distribution de nourriture. Elle se souvient, en pleurant, de son fils Aladdin brûlé vif par des soldats birmans au Myanmar. Il avait 25 ans.
Sous un soleil brûlant, elle lutte pour garder espoir et pour s’occuper de son fils de 20 ans, Mohammad, qui est avec elle dans le camp. C’est elle qui doit rester debout dans la queue, parce que son fils est trop malade pour quitter son abri.
« Personne ne va nous tuer ici, concède-t-elle, mais je souffre pour subvenir à nos besoins les plus basiques. »
La vie de Zulcher est remplie de tristesse, mais il n’y a pas de peine égale à celle de Mohammad Rafik dont le fils d'un an, Mohammad Ayoub, est mort d’une pneumonie dans le camp.
Rafik et sa famille ont aussi dû fuir la ville de Bosedong fin août.