Les foules se rassemblent à travers les écoles et les églises des petits villages de la région, nichés au cœur de forêts luxuriantes. Les mères attendent avec leurs enfants, assises sur des bancs en bois. Presque personne ne parle, attendant calmement, en silence - surprenant pour une longue file composée essentiellement d’enfants de moins de six ans. Mais, plus les enfants s’approchent des infirmières, plus leur curiosité se transforme en terreur et le calme se mue en cris déchirants.
Ouvrir la bouche pour le vaccin oral contre la polio.
Préparer une jambe pour le pentavalent.
Une pour le vaccin contre la pneumonie.
Une piqure. Une deuxième.
Puis c’est fini, et les enfants ouvrent leurs yeux, les joues humides de larmes.
Par-dessus les cris, certaines mères rient. C’est dur de voir vos enfants pleurer, mais elles savent que c’est mieux de se battre avec un enfant qui essaye vigoureusement d’échapper à la piqure que de devoir porter un petit corps atone et fiévreux pendant des heures à pied jusqu’à la clinique.
« Si mes enfants tombent malades, je ne sais pas quoi faire hormis leur donner du paracétamol, explique Carole Mbamanza. Ici dans le centre de santé de mon village, nous devons payer 4 à 6 dollars pour une consultation et je ne peux pas me le permettre. Donc à la place, je dois me rendre au centre de santé Yongofongo (soutenu par MSF) où c’est gratuit. Mais ce n’est pas facile de marcher 10 kilomètres, environ deux heures, en portant son enfant malade ! ».
C’est une réalité vécue par beaucoup de parents en République centrafricaine (RCA). Les centres de santé sont rares et éloignés, pauvres en médicaments et en personnel, et leurs services limités inabordables pour beaucoup. En RCA encore moins qu’ailleurs dans le monde, il ne fait vraiment pas bon tomber malade. Même avant la dernière crise, la couverture vaccinale était déjà très basse, à environ à 40%, ce qui signifie que beaucoup d’enfants souffrent ou meurent de maladies pourtant facilement évitables. Le conflit de 2013-2014 qui a forcé presque un quart de la population du pays à fuir, a aussi perturbé un système de santé qui, déjà, fonctionnait à peine. Toutes les fonctions étatiques se sont arrêtées, y compris les programmes de vaccination, ce qui a encore aggravé la situation.
À Bangassou, la ville principale de la province de Mbombou, les infections respiratoires comptent parmi les premières causes de mortalité infantile. Durant la saison sèche qui arrive, elles deviennent même les maladies les plus mortelles pour les plus jeunes. Pour améliorer la protection des enfants, MSF a organisé des campagnes de vaccination de rattrapage dans la plupart de ses 17 projets à travers le pays pour les enfants de moins de six ans qui, dans la plupart des cas, n’ont pas reçu les vaccins de routine. Plus de 100 000 enfants à travers le pays ont été vaccinés contre neuf maladies potentiellement mortelles, y compris la pneumonie.
À travers le monde, la pneumonie est la maladie qui tue le plus d’enfants de moins de cinq ans. Elle peut être un cauchemar pour les parents, un cauchemar que Blanche Foutcho, une mère en RCA, ne connait que trop bien. « Mon fils de neuf mois, Jésuré, était malade il y a deux mois. Il a commencé à respirer de façon étrange, très rapidement. Nous étions très inquiets, nous avons marché deux heures pour atteindre Yongofongo où les soins sont gratuits. De là, nous avons été transféré à Bangassou, et Jésuré a été hospitalisé pendant une semaine. Maintenant il va mieux, mais il manque toujours d’air quand il pleure », explique-t-elle.
Quand les structures de santé d’un pays s’effondrent suite à un conflit, les organisations humanitaires peuvent palier les besoins en soins de santé. Nos équipes peuvent aider les parents, comme Blanche, en procurant un accès au vaccin contre la pneumonie. Mais vacciner des enfants qui vivent dans des pays affectés par des crises peut être difficile quand le prix des vaccins est trop élevé pour que les gouvernements et les organisations humanitaires puissent les acheter.
Ne laissons pas nos enfants non-protégés. Nous avons besoin de donner à tous les enfants une chance d’accéder à la vaccination. Nous avons besoin que Pfizer et GSK baissent le prix du vaccin contre la pneumonie à 5$/enfant pour tous les pays en développement et pour toutes les organisations humanitaires.
MISE A JOUR AU 12 NOVEMBRE 2016
Pfizer annonce la réduction du prix de son vaccin pour les organisations humanitaires !
Très bonne nouvelle ! Vendredi 11 novembre, le laboratoire Pfizer a annoncé qu’il réduisait le prix de son vaccin PCV à 3,10 dollars par dose pour les organisations humanitaires.
Les conditions et les modalités de cette offre ne sont pas encore connues, mais cette annonce est un important pas dans la bonne direction – après plusieurs années de négociations avec le laboratoire.
Nous souhaitons maintenant que Pfizer (et GSK) aillent plus loin, et réduisent le prix du vaccin pour tous les pays en développement.