La malnutrition joue un rôle dans presque la moitié des décès des enfants de moins de cinq ans dans le monde. Leur système immunitaire, particulièrement chez les moins de deux ans, devient en effet moins résistant aux maladies infantiles ordinaires. Introduite par MSF dès 2005 au Niger, la stratégie de traitement de la malnutrition aiguë sévère par l’utilisation à grande échelle d’aliments thérapeutiques, a permis de lutter plus efficacement contre la malnutrition. Les produits thérapeutiques prêts à l’emploi, riches en énergie et en nutriments, comme le plus connu d’entre eux à base d’arachide et commercialisé sous le nom de Plumpy Nut', permettent un traitement de la malnutrition simplifié et efficace : plutôt que de devoir être hospitalisés et renutris plusieurs fois par jour pendant plusieurs semaines avec du lait thérapeutique, la majorité des enfants peuvent suivre le traitement à domicile et se rendre ensuite à des rendez-vous de suivi. Les taux de guérison sont ainsi supérieurs à 90 %. Le personnel médical peut se concentrer alors sur les cas les plus compliqués, qui nécessitent une hospitalisation.
En finir avec le fléau de la malnutrition infantile ?
« Qui meurt de faim? Les enfants en bas âge. Qu'est-ce qui permet à court terme d'éviter leur décès? Un supplément alimentaire à base de poudre de lait, de sucre et d'huile. Pourquoi n'est-il pas administré aux enfants dénutris avant qu'ils n'atteignent un état critique? Pour deux raisons. La première est une norme professionnelle qui oppose la prévention (promotion de l'allaitement maternel et de certaines habitudes alimentaires, micronutriments ajoutés dans des denrées alimentaires de base) au traitement de la dénutrition (distribution à l'enfant d'un complément alimentaire adapté à la récupération nutritionnelle). La deuxième réside tout simplement dans une impossibilité économique : les compléments alimentaires adaptés à la récupération nutritionnelle d'un enfant dénutri dont nous parlons coûtent aujourd'hui entre deux et trois euros le kilo. À ce prix, ni les familles, ni les institutions de santé publique n'ont le budget pour traiter les millions de nourrissons qui présentent chaque année dans les consultations médicales une rupture de leur croissance staturo-pondérale. »
Jean-Hervé Bradol, ancien Président de MSF et directeur d'études au Centre de Réflexion sur l'Action et les Savoirs Humanitaires de la Fondation MSF, dans Les cahiers du CRASH