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Contexte

La mortalité des enfants de moins de cinq ans a connu une baisse spectaculaire, au niveau mondial, avec une diminution de 59 % depuis les années 1990 (OMS, 2019). L'Afrique subsaharienne reste la région où le taux de mortalité infantile est le plus élevé au monde : un enfant sur 13 meurt avant d'atteindre l'âge de cinq ans. 
Les principales causes de décès chez les enfants de moins de cinq ans sont liées aux conditions de la naissance et des jours qui suivent (prématurité, accouchements compliqués, asphyxie, anomalies congénitales, infections graves) ainsi qu'au développement – plus ou moins tardif – de maladies infectieuses comme la pneumonie, la diarrhée ou le paludisme. Ces causes de décès peuvent facilement être évitées par l'encadrement des accouchements avec du personnel qualifié ; un suivi des soins néonataux ; des apports nutritifs adéquats ; des vaccins et des traitements contre les maladies infectieuses. Les enfants souffrant de formes sévères de malnutrition sont plus à risque d'être également atteints de diarrhées, de pneumonies ou de paludisme. 
 
L’accès à une alimentation adaptée  reste un enjeu majeur pour faire reculer la mortalité des enfants, en particulier dans les pays secoués par des conflits ou en proie à une extrême pauvreté. La malnutrition pourrait être plus efficacement combattue grâce à l'utilisation à grande échelle d'aliments thérapeutiques et de la généralisation du suivi de soins médico-nutritionnels par exemple. L’accès aux médicaments essentiels, aux diagnostics et à la vaccination – des mesures peu coûteuses – peuvent également permettre de réduire la mortalité infantile. 

Depuis 2009, MSF gère un programme pédiatrique à Koutiala, dans le sud-est du Mali. Les équipes y mènent des activités préventives et curatives dans le but de réduire la mortalité infantile dans la région. Afin d'optimiser la prise en charge des enfants admis à l'hôpital, MSF y a construit une nouvelle unité de pédiatrie, qui a ouvert ses portes en 2019. « Un hôpital au Mali » est une web-série en 5 épisodes qui retrace sa construction et l'amélioration des soins qu'elle a permis.

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Soigner la malnutrition pour réduire la mortalité infantile

La malnutrition joue un rôle dans presque la moitié des décès des enfants de moins de cinq ans dans le monde. Leur système immunitaire, particulièrement chez les moins de deux ans, devient en effet moins résistant aux maladies infantiles ordinaires. Introduite par MSF dès 2005 au Niger, la stratégie de traitement de la malnutrition aiguë sévère par l’utilisation à grande échelle d’aliments thérapeutiques, a permis de lutter plus efficacement contre la malnutrition. Les produits thérapeutiques prêts à l’emploi, riches en énergie et en nutriments, comme le plus connu d’entre eux à base d’arachide et commercialisé sous le nom de Plumpy Nut', permettent un traitement de la malnutrition simplifié et efficace : plutôt que de devoir être hospitalisés et renutris plusieurs fois par jour pendant plusieurs semaines avec du lait thérapeutique, la majorité des enfants peuvent suivre le traitement à domicile et se rendre ensuite à des rendez-vous de suivi. Les taux de guérison sont ainsi supérieurs à 90 %. Le personnel médical peut se concentrer alors sur les cas les plus compliqués, qui nécessitent une hospitalisation.

 

 

Entre 2016 et  2019

les équipes MSF ont admis plus de 560 000 enfants dans un programme nutritionnel en ambulatoire et plus de 310 000 enfants sévèrement malnutris ont été admis dans des programmes de nutrition thérapeutique en milieu hospitalier.

D’autres méthodes ont également permis des avancées dans la lutte contre la malnutrition, comme la mesure du périmètre brachial à l’aide d’un bracelet appelé MUAC (Middle Upper Arm Circumference), qui permet de vérifier immédiatement si un enfant souffre de malnutrition, simplement en l’enroulant autour de son bras et en lisant la mesure obtenue à l’aide d’un code couleur. Simple d'utilisation, y compris pour les membres de la famille, il est aussi un indicateur fiable du risque de mortalité associé au degré de malnutrition de l’enfant. 
 

En finir avec le fléau de la malnutrition infantile ?  

« Qui meurt de faim? Les enfants en bas âge. Qu'est-ce qui permet à court terme d'éviter leur décès? Un supplément alimentaire à base de poudre de lait, de sucre et d'huile. Pourquoi n'est-il pas administré aux enfants dénutris avant qu'ils n'atteignent un état critique? Pour deux raisons. La première est une norme professionnelle qui oppose la prévention (promotion de l'allaitement maternel et de certaines habitudes alimentaires, micronutriments ajoutés dans des denrées alimentaires de base) au traitement de la dénutrition (distribution à l'enfant d'un complément alimentaire adapté à la récupération nutritionnelle). La deuxième réside tout simplement dans une impossibilité économique : les compléments alimentaires adaptés à la récupération nutritionnelle d'un enfant dénutri dont nous parlons coûtent aujourd'hui entre deux et trois euros le kilo. À ce prix, ni les familles, ni les institutions de santé publique n'ont le budget pour traiter les millions de nourrissons qui présentent chaque année dans les consultations médicales une rupture de leur croissance staturo-pondérale. »

Jean-Hervé Bradol, ancien Président de MSF et directeur d'études au Centre de Réflexion sur l'Action et les Savoirs Humanitaires de la Fondation MSF, dans Les cahiers du CRASH

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Vaccination et prévention

Il est également possible d’agir simplement sur les autres causes principales de la mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Il reste pourtant d’énormes progrès à faire, aussi bien d’un point de vue médical qu’économique.

 

Retrouvez tous les épisodes de la série "Un hôpital à Koutiala, au Mali" sur Youtube

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Les maladies respiratoires, souvent dues à des infections à pneumocoques, sont potentiellement évitables grâce à la vaccination. L’introduction dans les plans de vaccination du vaccin contre la pneumonie se fait malheureusement lentement, essentiellement pour des raisons économiques, à cause d’une tarification élevée. Le PCV13, qui protège contre la pneumonie, n’est par exemple présent que dans un tiers des programmes de vaccination dans le monde : les laboratoires Pfizer et GSK le maintiennent à un tarif prohibitif, une politique à laquelle MSF s’oppose. En décembre 2019, l’OMS a brisé ce duopole en validant l'innocuité et la qualité du vaccin contre le pneumocoque produit par le laboratoire indien Serum Institute of India. Cela représente une avancée majeure puisque, selon le fabricant, les doses de ce vaccin seront vendues à des  prix largement plus accessibles que ceux présents sur le marché jusqu'ici. 
Les diarrhées, favorisées par de mauvaises conditions d’hygiène, la malnutrition, l’insalubrité de l’eau et des aliments, sont causées pour près de moitié par des rotavirus. Un nouveau vaccin (BRV-PV) pourrait toutefois changer la donne, car contrairement à ceux déjà existants, il pourrait être moins cher et plus simple d’utilisation (notamment dans sa capacité de conservation à des températures élevées).
 

Le paludisme peut être prévenu ou son impact réduit grâce à l’utilisation de moustiquaires, d’insecticides, par la chimioprévention saisonnière et les cas les plus simples diagnostiqués et soignés par des agents communautaires. L’arrivée des combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine (CTA), une substance active médicamenteuse dont l’utilisation est recommandée depuis 2001 par l’OMS, a constitué une avancée majeure dans le traitement du paludisme. Toutefois, il reste de nombreux obstacles à franchir pour arriver à une meilleure prise en charge du paludisme, comme l’absence de vaccin efficace, le développement de résistance aux insecticides à l’artémisinine et le difficile accès aux diagnostics, à la prévention et aux traitements.