Plus d’une centaine de personnes seraient mortes dans un naufrage au large des côtes libyennes la semaine dernière, d’après les déclarations de rescapés aux équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) qui travaillent en Libye. Les naufragés ont été amenés par des garde-côtes libyens à Khoms, une ville située sur la côte à 120 kilomètres à l’est de Tripoli. MSF est intervenue pour leur fournir une assistance médicale d’urgence après leur débarquement. Voici les récits de ces rescapés.
Témoignage d'un rescapé du naufrage
« On a quitté la Libye sur un canot pneumatique pendant la nuit. On a été secourus par les garde-côtes libyens. On avait appelé les autorités italiennes, et ils nous ont envoyé les Libyens pour nous ramener ici. Alors qu’on avançait, on a eu un problème avec notre canot, il était très chaud et il commençait à se dégonfler. Le moteur a fini par s’arrêter. Il y avait beaucoup d’enfants dans ce canot, et des femmes enceintes, des familles. On s’est battu pour survivre. On était dans l’eau à côté de ceux qui étaient morts. L’Europe doit savoir ce que nous endurons : on ne peut pas rester en Libye. C’est très dangereux. J’ai une blessure par balle à la jambe gauche. Mes amis m’avaient aidé pour collecter des fonds pour aller en Europe et faire soigner ma jambe. Ils m’ont dit que c’était 10,000 dinars libyens. Je n’ai pas cet argent. C’est mon histoire, mais il y a plein d’histoires différentes ici. On n’est pas des criminels, on n’est pas des voleurs. On se bat pour survivre. Je suis très triste, et déçu. Ça fait mal. J’ai perdu beaucoup d’amis. Je ne sais plus où sont ma droite et ma gauche, je n’ai plus de repères. Je ne sais pas où je vais aller demain. On a besoin d’aide, et à la place on nous enferme comme des prisonniers. Je ne sais pas pourquoi ils continuent de renvoyer les gens en Libye. On ne veut pas rester ici. Je ne demande pas au gouvernement italien de tous nous accepter dans leur pays, mais ne nous renvoyez pas en Libye. »