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« Ma ville brûle ». À Kurakhove en Ukraine, les habitants n’ont plus accès aux soins médicaux.

Les patients n'ont pas accès aux soins dans la région de Kurakhove
Un médecin MSF prend en charge un patient près du centre de transit pour les personnes fuyant la guerre, à Pavlohrad, dans la région de Dnipropetrovsk. © Yuliia Trofimova/MSF

Dans l'est de l'Ukraine, la ville de Kurakhove est désormais partiellement encerclée par les forces russes. La ligne de front se rapproche de Pokrovsk, une ville qui fournissait auparavant un abri et une aide humanitaire aux personnes déplacées par les combats. Les attaques répétées contre les infrastructures civiles, notamment la centrale thermique de Kurakhove, ont privé les habitants de chauffage, d'électricité, d'hôpitaux, de soins médicaux ou d'aide humanitaire. À Pavlohrad, à 150 km de là, les médecins et psychologues de MSF soignent les personnes fuyant la région de Kurakhove. Quitter la ville est devenu de plus en plus difficile.   

La clinique mobile de Médecins Sans Frontières (MSF) à Pavlohrad fonctionne à partir d'un centre communautaire, transformé en centre de transit pour les personnes déplacées de force de la région de Donetsk. De nombreux habitants de Kurakhove s’y réfugient après un voyage de plus de 4 heures en bus pour enfin trouver la sécurité et accéder à des soins.   

Une femme âgée est assise dans un fauteuil roulant à côté de son mari. Son visage est couvert de petites égratignures et elle pleure. Son mari se penche vers elle et lui murmure quelque chose à l'oreille, essayant de la réconforter. « Mon frère est sous les décombres », répète-t-elle encore et encore. Le Dr Hontariev soigne sa blessure au bras avec les premiers soins de traumatologie avant de s’occuper de deux blessés, un père et son fils. « Le plus âgé souffre de brûlures et de blessures par éclats d'obus au dos et au tibia, explique-t-il. Il a été blessé il y a quatre jours et ce n'est que maintenant qu'il a pu obtenir de l'aide. De telles brûlures ne peuvent se produire que lorsque du métal chaud entre en contact avec le corps. Les débris l’ont brûlé à travers ses vêtements et atteint son dos. » 

Les équipes de MSF prennent en charge de nombreux patients souffrant de blessures similaires causées par des mines ou des explosions, survenues quatre ou cinq jours plus tôt. Les bombardements continus retardent les évacuations et empêchent les blessés d’avoir accès à des soins rapidement. Au cours des deux dernières semaines, 25 % des patients traités au centre de Pavlohrad par les équipes MSF ont été blessés par des explosions qui ont frappé leur maison.    

Dans l'ancienne salle de réunion du centre communautaire, les chaises ont été enlevées et remplacées par des dizaines de lits, quasiment tous occupés. C'est ici, au centre de transit de Pavlohrad, que les habitants de la région de Donetsk séjournent quelques jours avant de partir vers l'ouest de l'Ukraine ou à l'étranger. Beaucoup viennent de Kurakhove et des villes et villages voisins. À mesure que la ligne de front se déplace avec l'offensive continue des troupes russes et que les conditions de vie se détériorent, les gens n'ont d'autre choix que de quitter leurs maisons. Mais les bombardements incessants rendent leur évacuation extrêmement difficile.     

Yelyzaveta, 83 ans, est arrivée au centre de transit depuis un village près de Kurakhove.
 © Yuliia Trofimova/MSF
Yelyzaveta, 83 ans, est arrivée au centre de transit depuis un village près de Kurakhove. © Yuliia Trofimova/MSF

Mme Yelyzaveta, 83 ans, se repose sur son lit. Elle vient du village de Dachne, près de Kurakhove. Sa maison et tous ses biens ont brûlé. Elle se souvient de ces bombardements incessants : « J'étais assise avec mon voisin sous un pommier, les obus volaient au-dessus de nous. Je me suis dit : pourquoi restons-nous assis là, comme si nous attendions la mort », raconte-t-elle, Il faut s’occuper, alors je suis allé balayer les feuilles dans la cour ». Peu après, une explosion a déclenché un incendie dans sa maison. Elle a réussi, avec son fils, à s’en éloigner à temps. « La maison était en feu, nous ne pouvions pas y retourner, continue Mme Yelyzaveta. Les maisons des voisins ont été coupées en deux par les bombardements, la nôtre a pris feu ». Son fils n’a pas voulu partir de leur village, elle est donc venue seule au centre de transit. Elle espère pouvoir repartir rapidement et rejoindre sa famille à Poltava, dans le centre de l'Ukraine. 

Dans la clinique mobile du centre, les médecins et psychologues de MSF voient jusqu’à 50 patients par jour.   

« Il s'agit de personnes âgées et de personnes handicapées, donc elles présentent souvent des maladies sous-jacentes ou des complications, explique le Dr Hontariev. Elles souffrent d'hypertension, de maladies cardiaques, de diabète. Nombre d'entre elles viennent nous voir pour des maladies respiratoires, parce qu'elles sont restées longtemps dans les sous-sols pendant les bombardements ». L'histoire d'un autre patient l'a beaucoup marqué : « Cet homme était dans la rue lorsque l'attaque a commencé, raconte-t-il. Il s'est réfugié dans le sous-sol de la maison de quelqu'un d'autre et a dû y rester deux semaines avant de pouvoir évacuer. Il n’a pu manger que des légumes en conserve qui se trouvaient dans cette cave. Il est arrivé chez nous avec une pneumonie bilatérale ».     

La Dr Violieta Kozhukhovska, une psychologue qui travaille avec l'équipe de la clinique mobile de MSF, intervient auprès de ces patients. « La plupart des patients évacués, dit-elle, sont maintenant dans un état de stress aigu». Comme cet homme dont le fils a disparu et qui n’arrive pas contacter sa sœur : « Son téléphone a brûlé dans l'explosion de sa maison et il ne se souvient pas de son numéro. Je lui ai conseillé d'essayer de la retrouver par le biais des réseaux sociaux ».       

« À ce stade, la tâche d'un psychologue consiste à intervenir en cas de crise, continue-t-elle, c'est-à-dire à écouter sans poser de questions inutiles afin de ne pas traumatiser à nouveau les patients. Il est important qu’ils puissent se retrouver et s’exprimer dans un endroit calme et sécure ».    

Le centre de transit de Pavlohrad est ouvert depuis août 2024, lorsque la ligne de front s'est approchée de Pokrovsk. Plusieurs organisations humanitaires y accueillent des personnes fuyant la région de Donetsk et leur fournissent des services juridiques, médicaux et sociaux. La clinique mobile de MSF y opère chaque semaine.   

Notes

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