Ukraine : déjà plus de 8 000 transferts médicaux effectués par les ambulances MSF en 2024

Des ambulances MSF effectuent un transfert depuis la région de Donetsk vers la ville de Dnipro en Ukraine. Août 2024. 
Des ambulances MSF effectuent un transfert depuis la région de Donetsk vers la ville de Dnipro en Ukraine. Août 2024.  © Olexandr Glyadyelov

Depuis 2022 et l’offensive massive menée par la Russie en Ukraine, les structures médicales des régions situées à proximité des lignes de front sont régulièrement ciblées et détruites. Pour pallier ce manque d’accès aux soins, MSF a mis en place un système d’ambulances qui permet d’évacuer les patients vers des hôpitaux de l’ouest du pays. Parmi eux, 60 % sont des blessés de guerre. 

Un homme de 45 ans est allongé dans une ambulance MSF et il arrive à peine à bouger ses lèvres : « C'est insupportable. Tout me fait mal. Ça me brûle tellement que j’ai du mal à respirer. » Il a été gravement blessé par des tirs d’obus et souffre de brûlures sur 90 % du corps. Certains de ses organes internes ont été touchés. Son état médical nécessitant une prise en charge spécialisée, indisponible dans la région, il bénéficiera d’un transfert organisé par MSF vers un hôpital de Dnipro.

« Les ambulances MSF transfèrent fréquemment des patients après qu’ils ont reçu des premiers soins chirurgicaux, explique Dmytro Bilous, ambulancier MSF. Leur état peut se dégrader pendant le transport, mais nous avons tout ce qu’il faut pour les stabiliser si cela se produit. » Parmi les blessés de guerre, qui représentent la majorité des patients transportés par les équipes MSF, les pathologies sont variées et souvent lourdes : brûlures, traumatismes crâniens, blessures au tronc et aux membres, lésions des tissus mous et hémorragies massives. Du 1ᵉʳ janvier au 31 juillet 2024, MSF a effectué 8 000 transferts de patients, dont 15 % nécessitaient une ambulance disposant d’un module de soins intensifs à bord.  

Un homme de 45 ans, grièvement blessé, en route vers Dnipro dans une ambulance MSF. Août 2024.
 © Olexandr Glyadyelov
Un homme de 45 ans, grièvement blessé, en route vers Dnipro dans une ambulance MSF. Août 2024. © Olexandr Glyadyelov

Selon les observations des équipes MSF, les structures médicales situées à 20 - 30 kilomètres des zones de conflit dans l'est et le sud de l'Ukraine sont soit complètement détruites, en raison des bombardements russes incessants ces deux dernières années, soit partiellement endommagées. Celles qui fonctionnent encore sont confrontées à une grave pénurie de personnel médical, qui ont fui les zones de guerre vers des villes plus sûres en Ukraine ou à l’étranger. 

Les hôpitaux souffrent également d'une pénurie de lits, car en plus des nombreux blessés de guerre à prendre en charge, le personnel médical doit également traiter les personnes souffrant de maladies chroniques, de crises cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux ou encore les victimes d’accidents de voiture. Toutefois, le besoin de transfert médicalisé s’accroit particulièrement lors des raids aériens soutenus. 

Une ambulancière MSF en discussion avec une patiente qui nécessite une dialyse. Août 2024.
 © Olexandr Glyadyelov
Une ambulancière MSF en discussion avec une patiente qui nécessite une dialyse. Août 2024. © Olexandr Glyadyelov

« Le 9 août, une attaque à Kostiantynivka, dans la région de Donetsk, a fait 14 morts et plus de 40 blessés. Un supermarché et un bureau de poste du centre-ville, où se trouvaient de nombreux civils, ont été touchés. Il y a eu des dizaines de blessés. Les médecins MSF ont aidé à soigner les plaies et à faire des sutures, et nous avons également transporté deux patients gravement blessés à Dnipro », explique Christopher Stokes, coordinateur d’urgence MSF en Ukraine. 

La volatilité du conflit rend impossible une évaluation par les hôpitaux de leur besoin en termes de lits en soins intensifs. Les bombardements peuvent survenir à tout moment, et le personnel médical peut rapidement faire face à un afflux de blessés. Les équipes MSF travaillent donc dans un état d’urgence permanent et certains blessés de guerre ont dû être évacués sous les tirs. Après plus de deux ans d’activité, la flotte d’ambulances MSF est composée de 17 véhicules, 36 ambulanciers, 8 médecins et 26 chauffeurs. Il y a en outre des logisticiens, des pharmaciens et des coordinateurs pour assurer le bon fonctionnement du projet. 

Lorsque l'ambulancier MSF Dmytro Bilous demande aux civils pourquoi ils continuent à vivre près de la ligne de front malgré le danger, la réponse la plus fréquente est la suivante : « Nous n'avons tout simplement pas eu le temps d'évacuer ». Selon certaines estimations, menées par des journalistes, près d’un million de personnes en Ukraine continuent de vivre à proximité des zones de conflit. 

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