Notre navire mesure 60 mètres de long. Certaines personnes ont été secourues il y a onze jours. Avec autant de personnes dans un espace aussi confiné, les tensions sont vives. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point la situation est difficile, d'autant plus que nous essayons de respecter des protocoles Covid-19 stricts à bord.
De nombreuses personnes sont traumatisées. Certaines, transférées du Louise-Michel ont vu quatre personnes se noyer. Un seul corps a été retrouvé, les autres, comme des milliers auparavant, ont été perdus dans les vagues. En plus de cela, il y a l'angoisse de ne pas savoir ce qui va se passer ensuite. Ces États jouent avec la vie des gens, c'est extrêmement cruel.
Sur le plan médical, outre le mal de mer, la déshydratation et la gale, nous constatons des brûlures chimiques. Cela résulte d'un mélange toxique d'essence et d'eau de mer. Un adolescent que nous avons secouru a été si gravement brûlé que nous avons dû organiser une évacuation médicale. Nos équipes soignent également des membres cassés et des traumatismes conformes aux informations faisant état d'abus, de torture et de mauvais traitements en Libye.
Pourquoi MSF et Sea-Watch ramènent-elles les rescapés en Europe plutôt qu’en Libye ?
La Libye n’est absolument pas un lieu sûr. Cela a d’ailleurs été réaffirmé par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
MSF mène des projets à Tripoli, Misrata, Zintan et Beni Walid. Dans ces endroits, nous constatons les effets directs des abus que subissent les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile non seulement en détention, mais aussi entre les mains des trafiquants. Cela comprend la torture et d’autres mauvais traitements, comme le travail forcé et l'extorsion.