Je suis restée couchée deux jours après ça, incapable de bouger ou de faire quoi que ce soit. Ma maison était détruite, mon mari n’était plus là, ma vie avait complètement changé en une nuit. Un matin, j’ai réalisé ce qui m’arrivait : j’étais sans emploi, seule, avec trois enfants. Je devais me battre.
Je tire une bonne part de ma force de mon métier d’infirmière. Et une infirmière se doit d’être forte. Nous voyons de la tristesse et de la souffrance tous les jours, c’est notre rôle dans ce monde d’apporter un soutien et de soigner. Comment puis-je pleurer quand c’est mon travail de réconforter ceux qui souffrent ? Cette tragédie n’a pas ébranlé que moi ou mon foyer, beaucoup de gens autour de moi ont souffert et ont beaucoup perdu. Je n’oublierai jamais, mais je vais avancer, non seulement pour moi, mais pour les autres aussi.
Mon travail à MSF m’amène dans des endroits où les gens ont perdu plus que moi, et cela me fait réaliser à quel point les gens ont pu être affectés. Quand des gens dans votre pays regardent le paysage du haut d’un hélicoptère, ils voient les régions inondées et les arbres déchiquetés, mais il y a beaucoup de choses que l’on ne voit pas. Sous les eaux, en dessous des branches cassées, vous nous trouverez, avec nos histoires, notre tristesse et notre détermination à vivre.