Désormais, il vit dans un campement temporaire de la ville de Palma, où les équipes MSF travaillent, notamment à l’aide de cliniques mobiles, pour apporter des soins de santé primaire et de santé mentale aux personnes déplacées. Le contexte sécuritaire à Cabo Delgado est volatil et en constante évolution. L’aide humanitaire est distribuée de manière inégale dans la province, le sud étant considéré comme plus stable. Dans certains districts comme Macomia, Palma et Mocímboa da Praia, MSF est parfois la seule organisation humanitaire à avoir une présence régulière.
« Les histoires que les gens nous rapportent reflètent la violence du conflit en cours. Ce sont des mères qui ont dû abandonner leurs enfants en s’enfuyant, sans savoir ce qu’ils sont devenus, des enfants qui ont été témoins de la mort de leurs parents, ou des personnes qui ont vu mourir un membre de leur famille », explique Tatiane Francisco, responsable des activités de santé mentale de MSF dans la région. Le stress et l’anxiété provoqués par l’insécurité et le manque de perspective, ainsi que la perte d’un proche, sont les principaux motifs invoqués lors des consultations de santé mentale proposées par MSF.
« Lorsque vous vivez constamment dans la peur, il est difficile de penser à l’avenir ou même de planifier des activités. Vous êtes en mode “survie”. Ces gens vivent dans une sorte de néant depuis des années maintenant », poursuit Tatiane Francisco. Maria, une femme âgée, est arrivée dans la ville de Montepuez en juillet 2022, suite à des attaques qui ont poussé en quelques semaines plus de 80 000 personnes à fuir Ancuabe, située à une centaine de kilomètres de là, et ses alentours. « Lorsque la guerre a éclaté, nous avons tous couru dans des directions différentes, explique-t-elle. Je suis arrivée avec un enfant que j’ai trouvé en chemin. Son père a été abattu. Sa mère a été kidnappée. J'aimerais que cette guerre finisse pour que nous puissions retourner sur nos terres. »