Myanmar : nouveaux combats, nouveaux déplacés dans l’État de Rakhine

Vue d'une clinique mobile organisée par MSF dans le camp de déplacés internes de Kyein NI Pin à Pauktaw dans l'État de Rakhine, qui offre des soins aux communautés Rohingyas. En raison des restrictions de circulation imposées par les autorités, ces cliniques mobiles ne peuvent plus se faire. Octobre 2023. Myanmar.
Vue d'une clinique mobile organisée par MSF dans le camp de déplacés internes de Kyein NI Pin à Pauktaw dans l'État de Rakhine, qui offre des soins aux communautés Rohingyas. En raison des restrictions de circulation imposées par les autorités, ces cliniques mobiles ne peuvent plus se faire. Octobre 2023. Myanmar. © Zoe Bennell/MSF

Le 13 novembre 2023, un cessez-le-feu informel qui durait depuis un an dans l’État de Rakhine a été rompu, ouvrant une nouvelle période de violence dans cette région de l’ouest du Myanmar. Plus de 120 000 personnes ont déjà été forcées de se déplacer pour fuir les combats. De plus, de sévères restrictions de mouvement empêchent MSF de déployer ses 25 cliniques mobiles, qui assuraient environ 1 500 consultations par semaine, privant de nombreux patients d’accès aux soins.

Les équipes MSF qui travaillent dans les États de Shan, Kachin et Rakhine ont constaté des dommages sur des établissements de santé, dont certains ont été abandonnés. Une précédente vague de violences, qui avait touché la région en 2017, avait causé le décès d’au moins 6 700 Rohingyas et l’exil vers le Bangladesh de plus de 700 000 d’entre eux.

Malgré les efforts des équipes MSF pour trouver des solutions face aux restrictions de circulation,  désormais seuls les agents de santé communautaires MSF, recrutés localement, ont accès aux patients. L’accès des organisations humanitaires à l’État de Rakhine a toujours été méticuleusement contrôlé, mais la poursuite des blocages actuels aurait un impact catastrophique sur la santé des populations.

« Avant la reprise des combats, nous pouvions nous déplacer, en informant au préalable les autorités. Dorénavant, c’est totalement interdit, explique Min Thu, un agent de santé communautaire MSF qui travaille dans un camp de déplacés abritant plus de 7 500 personnes, Rohingyas pour la plupart. Nous ne pouvons pas ouvrir nos cliniques. Pour les personnes qui ont besoin de soins urgents, nous essayons de contacter les médecins MSF, mais c’est très difficile de prodiguer des soins par téléphone. Je suis inquiet pour l’avenir, car si nous ne pouvons pas rouvrir ces cliniques, les patients vont en souffrir. »

Les agents de santé MSF décrivent des situations de rupture de soins, avec des patients qui peinent à obtenir leurs médicaments habituels, une consultation médicale ou un accès à des soins de santé secondaires. Les hôpitaux du centre de l’État de Rakhine ont été touchés par des tirs nourris ou abandonnés par le personnel médical, contraint de fuir la zone. Deux hôpitaux du centre de Rakhine, où les équipes MSF accueillent habituellement les patients en urgence, ne fonctionnent plus, tandis qu'un autre, l'hôpital général Min Bya, a été endommagé le 17 novembre.

Dans le nord de l'État de Rakhine, certaines orientations d'urgence ont été possibles grâce au soutien des agents de santé communautaires MSF. Les établissements de santé fonctionnent, mais certains avec un personnel restreint et des fournitures médicales limitées. D’autres structures de santé transfèrent leurs ressources vers des zones plus reculées pour aider les personnes déplacées. Ces restrictions ont également un impact sur d’autres organisations humanitaires, nombre d’entre elles signalant qu’elles ne pouvaient plus mener leurs activités habituelles.

Notes

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