Il y a trois ans, Fajimatou a accouché de son quatrième enfant. Depuis, elle souffrait d’incontinence et d’infections urinaires régulières. Trop gênée pour évoquer ce problème avec des agents de la case de santé, elle avait gardé cela pour elle pendant toutes ces années. Alors quand elle a entendu parler du lieu d’écoute réservé aux femmes mis en place par MSF dans son village, ça a été un vrai soulagement.
« Je savais que là-bas, j’allais être reçue par une autre femme en qui je pouvais avoir confiance. Nous, les femmes, nous connaissons bien Dalaran, car c’est la matrone [accoucheuse traditionnelle, NDLR] de notre village depuis plusieurs années, mais jusque-là, nous n’avions pas un endroit vraiment réservé et adapté où lui parler librement », raconte Fajimatou.
Fajimatou est loin d’être la seule à avoir caché pendant longtemps les douleurs qu’elle ressentait. Kolo, 22 ans et mère de trois enfants, rencontrée dans un autre village, avoue avoir eu mal dès ses premiers rapports avec son mari, il y a six ans. « Je n’avais pas encore d’enfants à cette époque mais déjà je ressentais une gêne quand j’allais aux toilettes ou lorsque nous avions des relations intimes avec mon mari. Une fois, je me suis même décidée à aller dans un centre de santé pour consulter, mais face à l’agent de santé, j’étais incapable de m’exprimer. »