Pourquoi MSF a-t-elle commencé à travailler à Maïné-Soroa?
Ces cinq dernières années, le conflit dans le nord-est du Nigeria s’est étendu au bassin du lac Tchad, touchant de plein fouet la région de Diffa dans le sud-est du Niger. Les affrontements armés et les violences contre les civils se sont succédé, provoquant des déplacements massifs de population : plus de 250 000 réfugiés et déplacés vivent dans la région de Diffa, frappée par le conflit en cours mais aussi par un banditisme en plein essor, avec des enlèvements et des vols de nature criminelle. En 2017, les réfugiés et déplacés étaient déjà des milliers, ils vivaient dans des camps, dans des abris de fortune, ou étaient hébergés par des proches. Les structures locales étaient débordées et ne pouvaient pas répondre à tous les besoins.
La situation sanitaire était particulièrement catastrophique dans le district de Maïné-Soroa, au sud de la ville de Diffa. Les structures médicales manquaient de ressources financières, matérielles et humaines, et demandaient aux patients de payer les consultations et les traitements – ce que la majorité d’entre eux n’avaient pas les moyens de faire. En face, de l'autre côté de la frontière, dans l'État de Yobe au Nigeria, c’était un désert sanitaire : les établissements de santé n'étaient pas opérationnels, puisque des milliers de personnes, dont des médecins et infirmiers, s'étaient enfuies et qu’aucun acteur humanitaire n’avait pris le relais pour fournir des soins aux populations qui vivaient encore là.
Nous avons donc décidé d'étendre nos opérations dans la région de Diffa avec un nouveau projet basé à Maïné-Soroa qui a démarré en juillet 2017. Notre objectif était de répondre aux besoins médicaux des populations des deux côtés de la frontière, au Niger et au Nigeria, avec un accent particulier sur la mortalité infantile et maternelle. C’est une problématique chronique dans la région, qui est aggravée par l’insécurité actuelle.