Les équipes MSF reçoivent relativement peu de personnes blessées à cause des combats. On en compte une quinzaine par mois. Une grande partie de l'activité se concentre sur les besoins des mères et de leurs enfants. L'équipe a assisté 176 accouchements et admis 92 enfants en moyenne chaque mois depuis le début de l’année. Les enfants souffraient pour la plupart d'infections des voies respiratoires et de diarrhées, maladies souvent associées à de mauvaises conditions de vie. Seulement 40 % des mères qui accouchent à l'hôpital ont pu accéder à des soins prénatals, ce qui signifie que de nombreuses complications ne sont pas détectées avant que la mère n’entre en travail, tout comme pour Oum Ayman.
« À la fin de l'année dernière, nous avons ouvert une salle d'opération à l'hôpital afin d’éviter à certains patients d’avoir à se rendre jusqu’à Saada, explique David Charo Kahindi. Les gens doivent déjà voyager de nombreuses heures pour se rendre à Haydan, il est donc préférable que nous leur offrions des soins chirurgicaux sur place. »
Les voyages sont devenus plus difficiles ces dernières années, car le prix du carburant a augmenté et l'inflation a fait chuter le pouvoir d'achat des gens. « Nous vivons à Lower Duweib et il faut six heures pour arriver à Haydan », explique Hamid Ali, 33 ans, qui a accompagné son oncle à l'hôpital après qu’il se fut cassé la jambe dans un accident de voiture. « Le centre de santé local n'a qu'un seul employé et il ne peut faire que de petits pansements. Nous avons donc dû payer 100 000 rials yéménites (140 €) pour louer une voiture et nous rendre à l’hôpital d’Haydan. » Ce sont des sommes astronomiques pour les familles de la région, dont la plupart sont des agriculteurs et des éleveurs, vivant dans une zone fortement touchée par les conflits. « Nous entendons les combats tous les jours. Parfois, les bombardements frappent notre village, mais nous faisons de notre mieux pour mener une vie ordinaire », conclut Hamid Ali.