Pakistan : Améliorer les soins de santé materno-infantiles

Césarienne à l’hôpital de référence du district de Dera Murad Jamali
Césarienne à l’hôpital de référence du district de Dera Murad Jamali © Seb Geo

Le Pakistan enregistre l'un des taux les plus élevés de mortalités maternelle et infantile* d'Asie centrale. Femmes et enfants sont les premières victimes de la pénurie de personnel médical et du manque général d'offre de soins dans le pays. Fin 2009, au sein de l'hôpital de référence du district de Dera Murad Jamali (DMJ), MSF a mis en place des soins materno-infantiles (accouchements, césariennes, néonatalogie, soins pré et postnataux).

Le but de ce programme est de réduire le risque de mortalité et de morbidité maternelle et infantile notamment en améliorant le dépistage, la prévention et le traitement des pathologies qui pourraient subvenir pendant la grossesse. Il s'agit également de permettre le recours à des sages-femmes professionnelles lors des accouchements et d'offrir des soins de néonatalogie et d'obstétrique d'urgence.

L'enfant de Gulatun doit naître dans deux mois, mais le placenta est mal placé et bloque le col de l'utérus. « J'ai commencé à saigner et je me suis inquiétée pour mon bébé. On m'a dit de venir dans cet hôpital ». Une césarienne sera indispensable. Dans le lit voisin, Haseena, enceinte pour la neuvième fois, est allongée. Seuls quatre de ses bébés ont survécu. Aujourd'hui, alors qu'elle est dans son dernier mois de grossesse, Haseena souffre d'un prolapsus utérin (descente de l'utérus dans le petit basin). Elle aussi devra accoucher par césarienne. Deux jours après son admission, Haseena a donné naissance à un petit garçon en parfaite santé.

Une sévère pénurie de soins spécialisés. Au Pakistan, et plus particulièrement dans les zones rurales, l'accès à des soins de santé abordables et de qualité est très limité. Du fait du déficit de personnel médical féminin qualifié et de la détérioration de la situation sécuritaire ces dernières années dans le pays, les soins obstétriques d'urgence ne sont plus pratiqués qu'en zone urbaine. La plupart des femmes accouchent chez elles, dans de mauvaises conditions d'hygiène, avec l'aide d'une sage-femme traditionnelle. Les nouveau-nés étaient exposés à des taux élevés d'infections mortelles.

Le manque d'information et d'accès à des soins médicaux spécifiques à la grossesse augmentent très nettement les risques de fausses-couches et même de décès pour des milliers de femmes. « Durant les cinq derniers mois de ma grossesse, mon corps me faisait mal et j'avais de la fièvre. Je pensais que c'était normal pour une femme enceinte, alors je ne suis pas allée voir de médecin, » explique Jamila. En fait, ses symptômes étaient dus à un paludisme. Aujourd'hui, Jamila reçoit enfin les soins et traitements appropriés à l'hôpital mère-enfant MSF de DMJ. Le Dr Linnea Ekdhal, médecin obstétricien MSF, constate : « j'étais très inquiète. Je pensais qu'elle et le bébé ne survivraient pas. Tout cela aurait pu être évité si elle avait bénéficié de soins prénataux adaptés et d'informations claires. » Aujourd'hui, Jamila et sa fille se portent bien.

Autre source d'inquiétude pour le Dr Ekdhal : l'usage excessif par les praticiens pakistanais, lors des accouchements, d'une molécule, appelée ocytocine. Cette hormone produite naturellement par le corps et libérée dans le système sanguin au moment de l'accouchement facilite le travail quand celui ci dure trop longtemps. Mal utilisée, elle peut provoquer de très fortes contractions pouvant blesser le bébé, conduire à une rupture utérine et entrainer la mort de l'enfant et de la mère. « Malheureusement, beaucoup de personnes ici pensent qu'un bon accouchement doit être rapide. C'est pourquoi, les médecins administrent souvent des doses importantes d'ocytocine - parfois jusqu'à huit fois la dose recommandée - pour accélérer le travail. Ce qui mène très souvent à des accouchements dangereux et compliqués. C'est un autre des problèmes auxquels nous devons faire face » explique le Dr Ekdhal.

A la maternité MSF, une pouponnière a été installée à côté du service d'hospitalisation. Ce service accueille également des enfants nés hors de l'hôpital MSF et ayant besoin de soins postnataux intensifs. La plupart des nouveau-nés qui y sont admis souffrent de prématurité, d'asphyxies postnatales, du tétanos ou de la jaunisse. MSF souhaite que les populations déplacées et les habitants des districts voisins puissent également bénéficier de l'ensemble de ces activités médicales.

Depuis mars 2010, date à laquelle les soins materno-infantiles ont été initiés à DMJ, MSF a mené 516 accouchements, dont 434 compliqués, et pratiqué 82 césariennes. 339 nouveau-nés ont été admis dans notre pouponnière. Actuellement, MSF mène des programmes de santé materno-infantile similaires à celui de DMJ dans les zones tribales de la province du Khyber Pakhtunkhwa (districts de Lower Dir, Malakand et Hangu) et dans la province du Balouchistan (Chaman et Kuchlak).

* 350 à 400/100 000 enfants nés vivants

 

Un futur hôpital MSF pour femmes à Peshawar

Après avoir évalué les besoins en matière de santé reproductive, gynécologique et obstétrique à Peshawar et dans les zones rurales avoisinantes, MSF a décidé de construire un hôpital de 40 lits, où l'offre de soins sera gratuite et destiné aux femmes vulnérables de la vallée.

À partir d'avril 2011, MSF y proposera des soins gynécologiques et obstétriques d'urgence, 7j/7 et 24h/24 (opérations chirurgicales, accouchements et consultations). MSF soutiendra aussi les services de santé primaire du district de Peshawar : des soins pré et postnataux y seront proposés. Cette présence permettra entre autres d'identifier les cas de grossesse à risque et d'organiser leur transfert vers l'hôpital MSF. Enfin, afin d'assurer un meilleur accès aux soins, un réseau de références médicales a été mis en place entre les centres de santé et les camps de déplacés de la zone.

 

Dossier "des soins pour les femmes"

Notes

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