Pakistan : course contre la montre aux urgences de l’hôpital de district de Timergara

Triage aux urgences de l'hôpital de district de Timergara juin 2012
Triage aux urgences de l'hôpital de district de Timergara, juin 2012 © P.K. Lee/MSF

« Je me souviens encore de cette bombe qui a explosé en avril 2010, à environ 300 mètres de notre hôpital. En quelques minutes, des douzaines de blessés étaient déjà aux portes des urgences. Nous devions rapidement identifier qui avait besoin d’assistance en premier » se souvient le Dr Zaher, médecin MSF à Timergara, dans le district du Lower Dir, province du Khyber Pakhtunkhwa (KPK), située au nord-est du Pakistan.

Jusqu’à il y a quelques années, le Lower Dir, situé aux frontières de l’Afghanistan et des zones tribales pakistanaises, était le théâtre de heurts entre armée et groupes d’opposition armés. Aujourd’hui, la situation sécuritaire dans cette zone demeure volatile et des attentats à la bombe, des affrontements et des assassinats ciblés ont encore lieu.

Les accidents de la circulation constituent une autre cause de blessures graves dans cette région accidentée et montagneuse. « Les routes sont très mauvaises, explique le Dr Zaher. Ici, il est habituel que chaque petite fourgonnette transporte jusqu'à 25 ou même 30 personnes. Quand un accident a lieu, il peut donc facilement y avoir de nombreux blessés ».

Depuis 2009, MSF soutient l’hôpital de district de Timergara. Notre équipe a mis en place un nouveau système de triage aux urgences et a également développé un plan de prise en charge en cas d’arrivée massive de patients ayant besoin de soins en urgence. Gérer de tels événements est une vraie course contre la montre. Le plan de prise en charge de masse permet au personnel médical de rapidement identifier et prioriser – en se basant sur plusieurs signes vitaux – les besoins médicaux des patients. Ces derniers sont ensuite catégorisés : « vert », le patient est stable et peut attendre quelques heures ; « jaune », il peut attendre une heure ; « rouge », une prise en charge dans la minute est indispensable ; enfin « noir », le patient est déjà décédé et/ou on ne peut plus rien pour lui. Les patients « rouges » sont immédiatement envoyés en salle de réanimation. « Cela nous permet de fournir des soins médicaux de qualité à un maximum de patients et de sauver le plus de vies possible en un minimum de temps », explique le Dr Zaher.

En parallèle, un système de triage de routine a  été mis en place aux urgences afin d'améliorer les soins prodigués, chaque jour, aux patients. A son arrivée, chaque malade passe par une première consultation : mesure de la pression artérielle, du rythme cardiaque et de l’état de santé général afin d’aider à prioriser les besoins médicaux. Au cours du premier trimestre 2012, 12 162 patients sont passés via ce système de triage et 3 271 patients ont été envoyés et pris en charge en salle de réanimation.

Pour répondre à la sérieuse pénurie de soins médicaux spécialisés de qualité dans le Lower Dir, et parce que la plupart des cas graves sont référés à l’hôpital de Timergara, MSF a mis en place un programme chirurgical au sein de cette structure et pour tout le district. « On m’a tiré dessus. J’étais dans une zone vallonnée, à la frontière afghane. La route était accidentée. J’ai été allongé sur un lit et porté par des gens pendant une heure, puis j’ai été transporté en voiture jusqu’à l’hôpital Samar Bagh pendant encore une heure. Après avoir été perfusé, ils m’ont envoyé ici », raconte A. qui a été opéré à l’hôpital de Timergara. La balle et des éclats ont été retirés de son aine et il bénéficie désormais de soins post opératoires. « Nous avions emprunté 5 000 roupies pakistanaises (environ 43 €) au médecin de l’hôpital de Samar Bagh. Nous pensions que nous devrions payer pour les soins chirurgicaux ici. Nous avons été très heureux que cela soit gratuit car, même si nous avions vendu notre maison et tout notre bétail, nous n’aurions toujours pas assez d’argent pour payer ces soins », constate l’oncle d’Anwar.

Actuellement, à l’hôpital de district de Timergara, MSF soutient les services des urgences, de chirurgie et de maternité. Depuis février 2012, des soins psychologiques sont également proposés aux patients de ces services. Tous les soins médicaux fournis par MSF sont totalement gratuits.

Depuis 1986, MSF travaille au Pakistan. Dans la province du Khyber Pakhtunkhwa (KPK), en plus de ses activités à Timergara, MSF travaille également à Dargai, Hangu et Peshawar. Dans la province du Balochistan, MSF mène des programmes médicaux à Quetta, Kuchlak, Dera Murad Jamali et Chaman, ainsi que dans l’Agence de Kurram située dans les zones tribales sous administration fédérale. Un projet sera ouvert dans l’année à Karachi, dans la province du Sindh. Pour le financement de ses programmes au Pakistan, MSF n’accepte que des dons privé et refuse tout fonds institutionnel, gouvernemental ou militaire.

Notes

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