Quelles sont aujourd’hui les conditions de vie des populations déplacées dans le district de Mardan ?
La plupart des camps de déplacés mis en place par le gouvernement et l’armée sont vides, l’immense majorité des personnes concernées résidant chez des amis ou des parents ou dans des bâtiments publics, comme les écoles. Beaucoup de gens sont encore trop effrayés pour rentrer chez eux.
Par conséquent, la pression sur les familles d’accueil est énorme : depuis des semaines et même des mois, elles ont hébergé des familles déplacées, ce qui pousse beaucoup d’entre elles à la limite de leurs capacités à la fois financières et physiques.
Comment MSF vient-elle en aide aux déplacés et à leurs familles d’accueil ?
Dans l’hôpital de Mardan, nous avons mis en place un service réservé aux urgences ainsi que des centres de soins à la fois pour les femmes et pour les hommes. Il y a aussi un centre de traitement pour les diarrhées sévères, isolé de l’hôpital principal pour garantir les standards d’hygiène.
Nous traitons au centre un nombre croissant de patients suspectés de choléra, cette région étant sujette à ce type d’endémie. L’OMS (Organisation mondiale de la Santé) a réalisé des analyses pour une enquête plus poussée.
Nous travaillons également dans six centres dédiés aux premiers soins dans et autour de Peshawar, la capitale de cette province du Nord Ouest. Quelque 1 000 patients y sont soignés chaque semaine, la plupart d’entre eux souffrant de diarrhées, de maladies respiratoires ou de maladies de peau.
Nous traitons aussi de nombreux enfants, comme Basit, un petit garçon de dix ans. Accompagné par sa mère, il est arrivé au centre de premiers soins de Darban, situé dans l’Est de la province, ou nous traitions déjà ses deux frères. Son genou était gonflé et le démangeait, et comme ses frères, il souffre d’une maladie courante dans la région : la leishmaniose.
Bien que méconnue, cette maladie touche environ 2 millions de personnes chaque année. Les symptômes sont notamment une forte fièvre, des plaies, une perte de poids très importante, des douleurs articulaires et une rate dilatée.
Dans sa forme la plus dangereuse, la maladie est appelée kala azar et conduit à une mort certaine si elle n’est pas traitée. Basit n’est pas atteint de cette forme de leishmaniose et a donc toutes les chances de se rétablir, même si cela implique une ligne de traitement incluant des injections extrêmement douloureuses.
Qu’en est-il des patients blessés dans les combats ?
Alors que le nombre de blessés diminue, les soins post-opératoires restent un problème. De plus, il n’existe presque nulle part au Pakistan de stocks suffisants de médicaments adaptés pour ces blessés.
Des gens continuent de mourir à la suite des attaques. Apporter à ces personnes une aide d’urgence est un immense défi. Des blessés qui auraient pu être sauvés sont morts avant même de pouvoir atteindre l’hôpital.
De plus, il faut rapidement améliorer la qualité des soins d’urgence prodigués dans les hôpitaux. Cela vaut aussi pour les soins dispensés dans les zones rurales, surtout près de la frontière avec l’Afghanistan.
Comment se présente l’avenir pour les déplacés ?
Les violences de cette année ont clairement mené à la crise humanitaire la plus sévère depuis le tremblement de terre au Cachemire en 2005. Il y a tout juste assez d’aide pour les déplacés de la vallée de Swat. Certains groupes sont particulièrement pauvres, comme les membres de la tribu Bajour, originaire d’une région au Nord Ouest de la vallée de Swat.
Quand ces gens retourneront chez eux, ils devront reconstruire leur vie à partir de rien, une difficulté redoublée par l’instabilité du climat politique. Ils resteront dépendants de l’aide extérieure pour de nombreuses années.