Un cessez-le-feu est entré en vigueur le 21 mai, à la suite des bombardements et tirs de roquettes entre l’armée israélienne et des groupes armés palestiniens dont le Hamas. Vous soutenez les équipes palestiniennes de MSF sur place, que racontent-elles et comment ont-elles réagi ?
Les équipes à Gaza nous ont décrit des bombardements terribles, d’une intensité jamais connue et sans comparaison avec la guerre de Gaza à l’été 2014. Même les plus aguerris ont été très affectés par les combats et surpris par la peur intense qu’ils ont ressentie. Leur principale inquiétude concernait leurs proches, et surtout leurs enfants : savoir s’ils allaient bien, physiquement et psychologiquement.
Très rapidement, des réseaux de soutien se sont organisés, notamment beaucoup de messages partagés via les réseaux sociaux dans des groupes privés. Ils y ont échangé des photos de leurs familles, ce qu’ils faisaient avec leurs enfants pour les aider à surmonter les frappes aériennes, ils se sont encouragés les uns les autres. Ces conversations sont marquées à la fois par une grande peur, particulièrement celle de mourir la nuit lors d’un bombardement, mais aussi par l’entraide : est-ce que tout le monde a à manger et à boire ? Est-ce que tout le monde a reçu tel message portant sur la sécurité de tel quartier ? Le degré de violences de ces onze jours leur a rappelé les précédents conflits et a ravivé un profond sentiment d’injustice et d’impuissance.
Parallèlement, ils ont continué à travailler sans s’arrêter. En tant que travailleurs humanitaires et en tant que Gazaouis, ils sont doublement exposés à la réalité de la vie dans la bande de Gaza, sous blocus depuis presque 15 ans. Ils prennent en charge les personnes blessées à cause du conflit ; ces dernières années, il s’agissait en grande partie des manifestants de la Marche du retour, dont beaucoup présentent des blessures par balles aux jambes.
Les équipes à Gaza sont donc exposées professionnellement et personnellement, leur travail leur rappelle à quel point la situation est difficile pour les habitants, entre les combats, la pauvreté, le chômage, le manque de protection des enfants. Ils sont attachés à leur terre, à leurs souvenirs ; ils sont partagés entre l’espoir et la réalité de leur quotidien.