Panama : des conditions d’accueil déplorables pour les réfugiés qui traversent la jungle du Darién

Des migrants attendent un bus à San Vicente. Panama. 
Des migrants attendent un bus à San Vicente. Panama.  © Santiago Valenzuela/MSF

Plus de 300 personnes arrivent chaque jour au Panama en traversant la jungle du Darién, une route difficile où les violences sont nombreuses. Les équipes MSF constatent une détérioration des conditions d’accueil des migrants, alors que celles-ci étaient déjà désastreuses.

MSF travaille dans la région depuis le mois de mai 2021 et fournit désormais des soins médicaux et de santé mentale dans le centre d’accueil des migrants de San Vicente, l'une des premières localités au sortir de la jungle du Darién. Plus de 134 000 personnes sont arrivées au Panama en passant par cette route en 2021.

« Les conditions d'accueil des migrants sont inadéquates, explique Rabia Ben Ali, coordinatrice de projet MSF au Panama. Chaque jour, des centaines de personnes arrivent à Canaán Membrillo, le premier village qu’elles trouvent au Panama après avoir traversé la dangereuse jungle du Darién. Elles ne reçoivent aucun soins médicaux. Elles font ensuite trois heures de bateau jusqu'à San Vicente où les services ne sont pas suffisants et répondent à peine aux normes internationales. »

Des migrants sous une tente à San Vicente. Panama.

 
 © Santiago Valenzuela/MSF
Des migrants sous une tente à San Vicente. Panama.   © Santiago Valenzuela/MSF

L’absence d’accès à des soins médicaux dans le village de Canaán Membrillo a des conséquences graves sur l’état de santé des migrants, souvent victimes de violences ou de maladies graves. Pour les victimes de violences sexuelles, recevoir des soins médicaux rapidement est essentiel, notamment pour prévenir les maladies et infections sexuellement transmissibles ou recevoir une contraception d’urgence. « Dans la jungle, j'ai été volée et violée. Vous voyez des morts, décapités. Je l'ai signalé quand ils m'ont amenée au centre d’accueil des migrants », témoigne une femme de 47 ans. 

« Les autorités panaméennes devraient mettre en place de toute urgence un centre d’accueil à Canaán Membrillo et des moyens de protection pour prévenir les attaques contre les migrants le long de la route entre la Colombie et le Panama, explique Rabia Ben Ali. Les conditions des installations d’accueil de San Vicente doivent également être améliorées. » 

À San Vicente, peu d’abris sont disponibles pour les migrants. « Il a beaucoup plu ces derniers jours et nous avons dormi sous des tentes, à même le sol. Notre fils est tombé malade et a beaucoup toussé, car l'eau s'est infiltrée dans la tente. Ici, si les enfants n'attrapent pas la grippe, ils ont la diarrhée. Ce n'est pas un endroit où nous pouvons vivre…  », explique Joseph, 25 ans, qui est arrivé au Panama avec sa femme et son fils de 15 mois.

En avril, les équipes MSF ont traité en moyenne 78 patients par jour, principalement pour des maladies de peau, des douleurs musculaires, des diarrhées, des infections respiratoires ou des maladies digestives. L'équipe de santé mentale de MSF a traité en moyenne six patients par jour. Ils souffraient de stress aigu, de dépression ou d’anxiété, dus notamment au décès d’un membre de leur famille au cours du voyage. Après une légère baisse du nombre d’arrivées en début d’année, celles-ci ont augmenté à nouveau en mars et en avril, tout comme le nombre de victimes de vols ou de violences sexuelles. MSF a traité 89 cas de violences sexuelles cette année.

Notes

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