Alors que nous avions concentré nos efforts sur la station d'accueil de San Vicente où les migrants se rassemblent une fois qu'ils ont traversé la jungle et passent quelques jours avant de continuer vers le nord en direction du Costa Rica, la situation a à nouveau changé en février 2022. Certains patients rapportaient avoir été dans la jungle depuis longtemps et avoir subi des agressions ou des violences sexuelles extrêmement brutales. Ils racontaient que, même en empruntant la nouvelle route de Canán Membrillo, les guides les faisaient tourner en rond ou les obligeaient à passer par la fameuse Loma de la Muerte, célèbre pour la dureté de ces conditions. Un point de passage incontournable sur l'itinéraire d'origine mais qui ne devrait pas l'être sur cette nouvelle route. Par ailleurs, le chemin étant plus long, les guides facturaient plus cher. Le coût est passé de 300 $US à 900 $US par personne.
Alors que les Haïtiens constituaient le groupe le plus important de migrants, désormais plus de la moitié sont des Vénézuéliens. Beaucoup d'entre eux s'étaient auparavant installés en Colombie ou au Pérou et avaient prévu de faire le voyage vers le nord depuis un certain temps. Il y a toujours beaucoup de familles, certaines en provenance d'Afrique : du Cameroun, du Congo et du Sénégal.
Depuis février, plusieurs pics de violence, y compris sexuelle, ont été rapportés. Cela affecte évidemment la santé physique et mentale et provoque une importante souffrance morale chez les personnes ayant été confrontées à ces traitements violents et humiliants. MSF a traité 396 femmes pour des violences sexuelles d'avril 2021 à mars 2022.