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Papouasie-Nouvelle-Guinée : face à la Covid-19, le système de santé au bord de l'effondrement

Le personnel de santé MSF se déplace en bateau pour se rendre dans le village de Mei'i, en périphérie de Kerema, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Juin 2019.
Le personnel de santé MSF se déplace en bateau pour se rendre dans le village de Mei'i, en périphérie de Kerema, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Juin 2019. © Sara Bechstein/MSF

En quelques semaines, les cas confirmés de Covid-19 ont triplé en Papouasie-Nouvelle-Guinée, jusqu’alors plutôt épargnée par l’épidémie. De plus en plus de membres du personnel de santé sont testés positifs, les obligeant à rester en quarantaine chez eux, et le système sanitaire du pays menace de s’effondrer face à la saturation de ses services. Chef de mission à Port Moresby, Ghulam Nabi témoigne de la situation difficile sur place.

Quelle est la situation actuelle à Port Moresby?

Les établissements de santé ont du mal à faire face à l'épidémie. Un nombre important de membres du personnel ont récemment été testés positifs à la Covid-19. Ils doivent s'isoler et ne peuvent pas aller travailler. Ceux qui continuent à prendre en charge les malades sont inquiets et les services sanitaires sont limités.

L'hôpital Rita Flynn est l'un des deux principaux de Port Moresby. Près de 40% des personnes qui y ont été testées, souvent après des heures d'attente, sont positives au virus. Nous nous attendons à des cas de plus en plus graves dans les jours et semaines à venir, avec une faible capacité de dépistage et de moins en moins de possibilités pour isoler les patients présentant des symptômes sévères de la Covid-19.

Les messages de santé publique doivent être renforcés pour améliorer la compréhension des risques actuels au sein de la population. Le gouvernement a imposé le port du masque, mais la plupart des gens ne suivent pas les directives. Beaucoup de rumeurs circulent et les gens n'ont peur que lorsqu'ils reçoivent un résultat de test positif. Ils sont par ailleurs stigmatisés au sein de leur famille et de leur communauté lorsque c’est le cas.

Que faut-il faire pour améliorer la situation?

Les capacités de dépistage sont loin d’être suffisantes dans le pays. Il ne reste presque plus de cartouches nécessaires pour réaliser les tests PCR et il n’y a pas assez de personnel de santé pour les effectuer. Les équipements de protection individuelle supplémentaires, l’augmentation de la capacité de dépistage et des ressources humaines doivent devenir une priorité afin de fournir une assistance au système de santé déjà mis à rude épreuve. Les organisations présentes dans la région doivent agir rapidement et accroître leur soutien à la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

L'épidémie actuelle de Covid-19 dans le pays met en évidence le besoin urgent d'équité dans l’accès aux vaccins. Ceux-ci doivent être disponibles pour le personnel de santé de première ligne et les groupes à haut risque, comme recommandé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il est déjà trop tard pour contenir l'épidémie, mais il faut impérativement vacciner dès que possible en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour atténuer l'impact de l'épidémie sur le système de santé et prévenir de nouvelles flambées.

Que fait MSF face à la flambée épidémique de Covid-19 sur place?

Notre capacité est limitée. Au cours des derniers jours, nous avons testé tous les membres de MSF travaillant dans les projets de lutte contre la tuberculose, et près d'un tiers de nos employés nationaux sont positifs au virus. Ils sont maintenant en quarantaine à domicile et nous surveillons leur état de santé.

Nous soutenons l'hôpital Rita Flynn depuis octobre 2020, avec un technicien de laboratoire dédié et des cartouches pour les tests PCR. Actuellement, nous disposons seulement de stocks de cartouches pour les deux prochaines semaines, c’est pourquoi nous cherchons à nous en procurer à l’international. Un partenariat avec cet hôpital est en cours pour gérer un centre de traitement de la Covid-19 de 43 lits. Nous pourrons y soigner les patients modérément et sévèrement atteints par le virus dès le mois d’avril.

Notes

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