Cela se traduit également dans la façon dont les patients communiquent. Certains dialectes locaux n'utilisent pas le mot « viol », considéré comme tabou et honteux. « Le silence a des conséquences dramatiques sur la vie, la famille, la santé et les relations à long terme de ces personnes », ajoute Gisela Silva, superviseure en santé mentale.
Sujet tabou
Les survivantes n'ont pas le droit, dans la plupart des cas, de parler de l'agression sexuelle qu’elles ont subie. Le problème est souvent résolu à l'amiable au sein de la communauté ou entre les membres de la famille, oubliant qu'il s'agit d'une urgence médicale qui doit être prise en charge.
Pour les hommes, beaucoup sont trop effrayés pour parler et seuls quelques-uns osent se rendre dans les structures de Tongolo. Ils hésitent à demander de l'aide, car la pression communautaire et la stigmatisation sont importantes.
Les conséquences sur leur santé mentale vont du syndrome de stress post-traumatique à la dépression en passant par l'anxiété, avec des idées suicidaires et parfois des passages à l’acte.
L'accès à un soutien psychosocial est essentiel pour prévenir ou réduire les maladies et les souffrances psychologiques causées par les violences sexuelles. Les survivantes doivent être admises rapidement pour des soins et mises en relation sans délai avec un psychologue ou un psychiatre ainsi qu’un travailleur social.
« L'objectif est de les accompagner dans leur parcours de guérison, de les aider à résoudre leurs problèmes et à devenir suffisamment fortes pour reprendre leur vie », continue Axelle Franchomme.
Prendre en charge rapidement
À la suite d'un viol, le traitement qui prévient le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles, ainsi que les vaccinations contre l'hépatite B et le tétanos, doivent être effectués le plus tôt possible, dans les trois jours suivant l'événement. Or, en 2020, seules 26 % des patientes vues par MSF sont arrivées dans les 72 heures suivant leur agression sexuelle. Les agents de santé communautaire et les spots radio sont un moyen de sensibiliser les communautés à cette urgence.