RD Congo - Kivu : des blessés critiques

Camp de deplaces de Kabizo Nord Kivu RD Congo avril 2009.
Camp de deplaces de Kabizo, Nord Kivu, RD Congo, avril 2009. © Yoanis Menge

En  dépit des assertions selon lesquelles le conflit s'est stabilisé dans l'est du Congo, les violences contre les civils se poursuivent. Les équipes de MSF voient chaque jour les résultats des violences commises par les groupes armés sur les civils dans cette région.

La nature du conflit dans l'est du Congo a sensiblement changé mais son impact sur les populations est le même. Le niveau de violence reste douloureusement élevé et de nouveaux groupes armés se forment au Nord et au Sud Kivu, maintenant les menaces sur les populations. Pour les civils, la guerre n'est pas finie.

Pour illustrer les blessures physiques et psychologiques dont souffrent les populations, MSF lance, le 24 novembre 2009 sur son site Etat : Critique, un dossier rassemblant des histoires personnelles, intitulé Les Blessures. MSF a lancé ce site il y a un an pour donner la possibilité aux populations exposées à la violence dans l'est de la RDC de raconter les difficultés qu'elles endurent.
Découvrez ces récits sur www.condition-critical.org/fr

 

La guerre n'est pas finie

Un très grand nombre d'hommes armés, affiliés ou non à un groupe constitué, sont présents dans l'est du Congo. Quotidiennement, ils satisfont leurs besoins en usant de la violence sur la population civile qui vit là. Le climat de peur est renforcé par une culture d'impunité.

Les populations font l'objet d'attaques directes des belligérants. Les villages sont parfois ciblés en représailles et souvent détruits de manière systématique. Des personnes sont victimes d'extorsions et se font voler leur nourriture et leurs biens chez elles dans leur maison ou leur abri dans les camps de déplacés.

Certains sont emmenés par des hommes armés et forcés à exécuter des travaux ou à transporter leurs affaires. Le viol est une forme de violence extrêmement répandue, perpétrée à l'encontre des femmes, d'hommes et d'enfants. Au cours de l'année écoulée, les équipes MSF ont pris en charge plus de 5 330 victimes de violences sexuelles.

Déplacements répétés et banditisme

Un grand nombre de civils au Nord et au Sud Kivu continuent d'être déplacés. Ils s'installent dans des camps ou vivent dans des familles d'accueil. Souvent ils doivent fuir à de multiples reprises car les zones d'insécurité changent constamment. Même quand les gens peuvent rester dans leur maison, ils sont souvent victimes de pillages commis par des hommes armés et dans de nombreux villages, les civils se réfugient dans la brousse tous les soirs pour fuir l'insécurité à la nuit tombée.

Pour atteindre les personnes se trouvant dans ces zones rurales où règne l'insécurité ainsi que celles vivant dans des camps de déplacés, les équipes MSF mettent en place des dispensaires mobiles et apportent un soutien à des structures de santé au Nord et au Sud Kivu. De novembre 2008 à octobre 2009, MSF a donné 528 850 consultations médicales et soigné 4 900 malades du choléra.

Ces derniers mois, MSF a constaté un accroissement de la criminalité, notamment des vols perpétrés par des groupes armés, qui ont sévèrement touché les organisations humanitaires au Nord et au Sud Kivu. Des braquages de véhicules MSF ces derniers mois au nord de Goma ont obligé MSF à suspendre des dispensaires mobiles et son soutien à des centres de santé sur plusieurs sites, et ont ainsi empêché les équipes médicales de MSF de dispenser des soins de santé aux populations qui en avaient le plus besoin.

Très récemment, lors d'une campagne de vaccination menée dans le district de Masisi dans le Nord Kivu, MSF a été utilisée comme un appât lors d'une attaque inacceptable sur les civils. Sept sites de vaccination MSF où des milliers de civils s'étaient regroupés ont été prises sous le feu de tirs lors d'attaques menées par l'armée congolaise contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). MSF a dénoncé cette utilisation manifeste de l'aide humanitaire à des fins militaires.

 

Participez : Envoyez un message de soutien

Outre des récits des habitants des provinces du Kivu, le dossier des Blessures sur le site Etat Critique contient un appel au soutien du public. Les visiteurs du site Etat Critique peuvent s'impliquer en envoyant un message de soutien aux habitants de l'est de la RDC qui sera relayé par les équipes MSF sur le terrain.



MSF est présente dans les provinces du Kivu en RDC depuis 1992
. Les équipes MSF travaillent dans des hôpitaux et centres de santé à Rutshuru, Nyanzale, Kitchanga, Mweso, Masisi, Kirotshe, Chambucha et Lubero au North Kivu et à Kalonge et Baraka au Sud Kivu.
Les équipes organisent des dispensaires mobiles pour les populations déplacées et résidentes, offrent une prise en charge aux victimes de violences sexuelles et réfèrent par ambulance les cas les plus graves aux hôpitaux gérés par MSF. Les équipes MSF du Nord et du Sud Kivu comprennent 1395 Congolais et 115 expatriés.


D'octobre 2008 à novembre 2009, les équipes MSF ont fourni divers types de soins au Nord et au Sud Kivu
:

  • 5 330 victimes de violences sexuelles prises en charge
  • 1 550 interventions chirurgicales à des patients souffrant de blessures liées à la violence
  • 528 850 consultations médicales
  • 4 900 malades du choléra soignés
  • Plus de 330 000 enfants âgés de 6 mois à 15 ans, vaccinés contre la rougeole
  • 10 160 enfants souffrant de malnutrition pris en charge
  • 7 060 séances de counselling

 

Notes

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