Sept patients, dont un est aujourd'hui décédé, ont été confirmés positifs au virus Ebola après des analyses d'échantillons en laboratoire. Les 39 autres sont tous considérés comme "cas suspects". Parmi eux, on dénombre déjà 13 morts.
Actuellement, trois patients suspectés d'avoir contracté le virus Ebola se trouvent en centre d'isolation construit par MSF à Kampungu, un village situé dans le centre de la province du Kasaï Occidental.
Les deux premiers sont ce qu'on appelle des "personnes-contact", ce qui signifie qu'elles ont été en contact avec un des patients suspectés d'avoir contracté Ebola ou confirmés positifs au virus. Ces deux nouveaux patients ont été en contact avec une femme décédée plus tôt des suites d'une infection par Ebola. Un des patients est sa fille âgée de 3 ans, l'autre est sa sœur, qui a pris soin de l'enfant depuis la mort de la mère.
Il est nécessaire de surveiller les "personnes-contact" pour rompre la chaîne de contamination de l'épidémie d'Ebola. Actuellement, l'équipe MSF sur place suit quotidiennement quelque 200 personnes.
"Les trois patients se portent bien". Le troisième patient en centre d'isolation est originaire d'un village situé à une vingtaine de kilomètres de Kampungu et n'a été en contact avec aucun des patients précédents.
"Nous craignions que le virus puisse aussi être localisé en dehors de Kampungu et Kaluamba", explique Michel Van Herp, épidémiologiste chez MSF.
"Cependant, jusqu'à la nuit dernière, ses symptômes ressemblaient plus à ceux de la fièvre typhoïde. Tant que nous n'avons pas la confirmation qu'il est négatif au virus Ebola ou qu'il ne présente plus de symptômes, il restera dans le centre d'isolation.
Notre équipe a pris des prélèvements pour les trois patients afin de confirmer la présence ou l'absence du virus dans leur sang. Pour l'instant, les trois patients se portent bien. Ils mangent, marchent sans se faire aider et n'ont pas besoin d'être réhydratés", ajoute Michel Van Herp.
MSF prend des mesures pour prévenir la contamination dans le centre d'isolation. L'équipe suit des protocoles très stricts pour s'assurer que les équipes médicales, la famille des patients et les patients eux-mêmes soient protégés de toute contamination.
Les patients restent en isolation jusqu'à la disparition des symptômes. Si tel est le cas, cela signifiera qu'ils ont survécu à une infection suspectée par le virus Ebola ou qu'ils n'étaient pas infectés.
Une contamination peut, en effet, uniquement être confirmée par l'analyse d'échantillons réalisée en laboratoire spécialisé. Un patient est considéré comme "cas suspect" jusqu'à ce que les échantillons envoyés en laboratoire confirment ou non son infection par le virus Ebola.
Les symptômes de l'Ebola peuvent ressembler à ceux de la malaria ou à ceux d'autres maladies comme la fièvre typhoïde ou la shigellose aux premiers stades de la maladie. Nous donnons ainsi un traitement contre la malaria et des antibiotiques lorsque nous suspectons une contamination. MSF apporte également un soutien psychologique à ses patients.
Jusqu'à aujourd'hui, seule une personne est morte sur les sept patients confirmés positifs au virus Ebola. Un bilan qui peut sembler faible pour une épidémie.
"Il est vrai que nous ne parlons pas des bilans habituels qui sont, en général, liés aux épidémies de virus Ebola. La raison st simple : s'il a bien été confirmé que nous sommes en présence d'une épidémie de virus Ebola, nous ne savons pas encore de quel type il s'agit", explique Michel Van Herp.
"L'Ebola de type Zaïre tue entre 70 à 90% des personnes infectées mais nous pourrions très bien être en présence d'une souche beaucoup moins mortelle. Il ne faut tout de même pas oublier que 13 patients suspects sont morts, ce qui porte le bilan à 14 décès."
L'année dernière, une épidémie d'Ebola survenue dans la même région a tué pas moins de 186 personnes, mais on suspecte également l'implication d'autres maladies.
Une équipe MSF de 18 personnes travaille actuellement dans le Kasaï Occidental. L‘équipe se compose d'un médecin, d'un épidémiologiste, d'un psychologue, d'infirmières, de spécialistes en eau, hygiène et assainissement, de promoteurs de santé et de logisticiens.