RDC - Histoire de Pierrette, 15 ans, patiente MSF

Depuis la fin 2008 la population civile des Haut Uélé et Bas Uélé est prise dans un cycle de violence lié d'une part aux attaques perpétrées par le groupe rebelle ougandais de la LRA (Lord's Resistance Army) et d'autre part à l'offensive des force

Depuis la fin 2008, la population civile des Haut-Uélé et Bas-Uélé est prise dans un cycle de violence lié, d'une part, aux attaques perpétrées par le groupe rebelle ougandais de la LRA (Lord's Resistance Army) et, d'autre part, à l'offensive des forces ougandaises et congolaises contre la LRA. Alors que la situation continue de se détériorer, les civils font également face à une recrudescence des actes de banditisme.

Pierrette ne connaît pas son âge avec précision mais elle lance timidement un approximatif , 15 ans. Elle a été enlevée par des hommes armés et est restée en captivité pendant deux mois.

Elle a été ce qu'on appelle une « épouse forcée », donnée à un homme pour passer ses nuits...

« Il y a deux mois et demi, j'étais partie au champ. Nous étions moi, Maman et la femme de mon frère. Ils ont surgi, ils étaient nombreux et armés. Ils étaient agressifs. Ils nous ont emmenées de force dans la forêt.

Là, ils ont relâché Maman et ma belle-sœur mais moi, ils m'ont gardée avec eux dans la forêt. »

 

Pour Pierrette, c'est le début d'environ deux mois de captivité, au cœur de la forêt tropicale et du conflit armé. « Le jour, on marchait beaucoup. On transportait du riz, des arachides, du sel. La nuit je dormais avec un homme.

C'était toujours le même. Pendant la journée, d'autres me frappaient et lui, il faisait comme s'il ne me connaissait pas. Il passait ses journées avec une autre maman qui avait des enfants. Et la nuit, il dormait avec moi. »

« Ces hommes ont tué des gens à côté de moi. J'avais peur mais on n'était pas autorisé à pleurer. Si on pleurait, ils nous frappaient au dos », raconte Pierrette en montrant les cicatrices qui lui raient le dos et les pieds. « Il y avait d'autres personnes qui pleuraient avec moi. Elles parlaient le zande, comme moi, alors nous pouvions parler entre nous même si on ne se connaissait pas. »

Après deux mois, Pierrette a pu s'échapper. On l'a accueillie au centre de santé. Elle a ensuite été référée à l'hôpital où elle a reçu des médicaments et à manger et où elle a pu parler avec la psychologue de MSF.

« Aujourd'hui, j'essaie de ne plus penser à tout ça. Je n'y pense plus. Je n'en parle à personne. Mais quand Maman m'a posé des questions, alors j'ai tout raconté. Quand j'ai raconté ce qui s'était passé, Papa et Maman ont pleuré. »

 

 

Pour des raisons de sécurité, les noms ont été modifiés.

 

Notes

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