RDC : l'assistance humanitaire atteint ses limites à Boga, en Ituri

Emergency response in Ituri
Des habitants de la province d'Ituri, déplacés dans un camp de fortune à Bunia, font la queue pour collecter de l'eau. Juin 2019.  © Pablo Garrigos/MSF

A Boga, comme dans l'ensemble de la province d'Ituri, la population est confrontée à des actes de violence incessants depuis plus de trois ans. Meurtres, violences sexuelles, pillages et déplacements rythment le quotidien. Conséquence directe de l'insécurité : malgré la présence d'organisations humanitaires, les besoins, notamment en santé, peinent à être couverts.

« Inacceptables. » Pour Amande Bazerolle, coordinatrice d’urgence pour MSF, de retour de mission, les 26 000 personnes déplacées internes à Boga, dans le territoire d’Irumu, depuis avril 2020, vivent dans des conditions critiques. « Ces gens manquent de tout : accès aux soins et à l’hygiène, nourriture, abris. Il n’y a rien, tout est à faire ». 

En janvier 2021, MSF s'est rendue dans la localité de Boga, pour effectuer une mission ponctuelle d'assistance aux populations déplacées. Installées dans des camps improvisés pour fuir le conflit entre groupes armés et la violence intercommunautaire, les familles s’entassent dans des huttes de fortune, avec peu de perspectives de retour dans l'immédiat. 

Les violences sexuelles, c’est l’autre fléau qui sévit à Boga. « Ces femmes se font agresser par des hommes armés, sur la route ou dans les champs qu’elles cultivent. Terrorisées, elles n’osent plus s’y rendre, témoigne Amande. Que certaines continuent à prendre de tels risques, montrent à quel point elles sont acculées pour survivre et nourrir leur famille ». En effet, l’abandon des champs, principale source alimentaire de ces familles, aggrave la malnutrition et leur dépendance à l’aide alimentaire. 

En un mois, MSF a réalisé 67 consultations médicales pour des femmes victimes d'agressions sexuelles ou de viols. Néanmoins, faute de psychologue ou de conseiller en santé mentale dans les structures de prise en charge habituelles, ces patientes n'ont pas pu bénéficier d'un accompagnement psychologique. 

Mace-Grace, 11 ans, récupère dans une chambre d'hôpital, à Bunia. Elle a perdu sa mère, ses trois frères et sœurs et sa main gauche après une attaque contre son village. Mars 2018. 
 © John Wessels
Mace-Grace, 11 ans, récupère dans une chambre d'hôpital, à Bunia. Elle a perdu sa mère, ses trois frères et sœurs et sa main gauche après une attaque contre son village. Mars 2018.  © John Wessels

A l’image de Boga, c’est l’ensemble des communautés de la province de l’Ituri, plus de 2,8 millions de personnes, qui subit ces violences en continu depuis plus de trois ans. Meurtres, violences sexuelles, villages et centres de santé pillés sont le lot quotidien de la population. « Le système sanitaire est à terre. Plus de 70 structures de santé auraient été pillées ou détruites, privant des milliers de personnes d’accès aux soins. La situation est catastrophique », témoigne Frédéric Lai Manantsoa, chef de mission de MSF en RDC.

Malgré le besoin d’assistance pour ces populations, les organisations humanitaires, pourtant nombreuses, ne sont plus en mesure de couvrir les carences sanitaires qui ne cessent de croître dans la province. Les financements alloués à la région restent quant à eux largement insuffisants.  

En Ituri, MSF appuie trois hôpitaux généraux, 12 centres de santé, trois postes de santé et 32 sites de soins communautaires dans les zones de santé de Drodro, Nizi et Angumu pour la prise en charge des maladies pédiatriques, de la malnutrition, du paludisme, des violences sexuelles et de la santé mentale. Un support sanitaire (latrines et assainissement) a également été mis en œuvre dans 49 sites de personnes déplacées, ainsi que des distributions de produits non-alimentaires et des appuis ponctuels en médicaments à certains centres de santé.

Notes

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