De retour à Kayna, l'équipe constate que des centaines de personnes ont fui les récents combats. Un peu plus loin, à Kanyabayonga, c'est la majorité de la population qui a quitté la ville, après une reprise des combats au sud le 16 novembre.
Suite à une interruption de près de deux semaines à cause du niveau d'insécurité élevé, l'équipe MSF reprend ses activités à l'hôpital de Kayna. Leur priorité, maintenant, est de localiser les milliers de déplacés qui ont fui les combats pour leur apporter des secours.
Dans la région de Kabizo, une équipe doit également revenir pour évaluer la situation à Bambu, où de nombreux déplacés se seraient regroupés.
Accès aux populations déplacées. Comment faire pour venir en aide à des populations très mobiles ? Thierry Allafort, coordinateur d'urgence MSF, a répondu à la question lors d'un débat en direct sur le site lemonde.fr :
Il est vrai que dans cette phase aiguë, les fronts sont très mobiles, les combats durent rarement plus de deux jours. Cela complique la situation. Nous, nous restons sur les lieux de soins, les dispensaires et les hôpitaux. On assiste aussi plusieurs camps en termes d'accès à la santé, on fait des distributions de non-vivres : bâches pour les huttes, jerricans...
En dehors des périodes de combats intenses, les gens peuvent rejoindre ces lieux. Mais il y a aussi des gens qui décident de ne pas aller dans des camps, de rester dans leurs familles ou près de leur champ et qui cherchent eux-mêmes des moyens de survie. Depuis la fin de l'année dernière toutefois, on assiste à la réapparition de camps importants dans la région de Nyanzale et de Kabizo en particulier.
Dans l'ensemble, les équipes arrivent à travailler dans cette zone de guerre, l'accès peut être négocié avec les parties au conflit.
Dans cet hôpital, une trentaine d'opérations chirurgicales pour des blessures liées à la guerre, la violence, ont été menées durant le mois d'octobre. A Rusthuru, plus d'une centaine de patients ont été soignés à l'hôpital pour des blessures par balle. Un système d'ambulance permet de prendre en charge rapidement les cas médicaux les plus compliqués.
Les centres de santé de Kiwanja, Kinyandoni et Kibutu alertent les équipes MSF par téléphone et ils sont transportés sous surveillance médicale à l'hôpital de Rutshuru.
Urgences et soins médicaux. Au-delà des blessures liées à la guerre, il y a toutes sortes d'urgences médicales, notamment des césariennes. En moyenne les chirurgiens MSF de l'hôpital de Rutshuru pratiquent une douzaine d'interventions par jour. Au total, sur l'ensemble du Kivu, 4600 interventions chirurgicales ont été menées par MSF de janvier à octobre, dont 850 pour des blessures de guerre.
Les activités MSF dans les hôpitaux et des centres de santé comprennent également les admissions dans les différents services hospitaliers (27 500 patients depuis janvier), les consultations (172 000), le traitement de la malnutrition (3200 enfants) et des soins médicaux aux victimes de violences sexuelles (5 700).
Les centres de traitement de cholera continuent à recevoir plusieurs dizaines de patients par semaine à Rutshuru, Rubare, dans le camp de Kibati (nord de Goma), à l'orphelinat Don Bosco à Goma ou encore à Beni. Depuis janvier, environ 7000 patients atteints de cholera ont été pris en charge par MSF.
Aide psychologique. Les derniers combats s'inscrivent dans un contexte de conflit qui dure depuis de nombreuses années et une grande partie de la population a déjà subi d'autres déplacements et différents types de violence. Dans la région de Kirotshe, à l'ouest de Goma, une psychologue MSF travaille avec la communauté sur un programme psychosocial dans le camp de déplacés de Shasha.
Ici, il y a environ 4 300 personnes déplacées. Un certain nombre de déplacés sont aussi dans des familles d'accueil », explique Carmen Martinez, « ils ont tout laissé derrière eux, des familles ont été séparées. A Shasha, une vingtaine d'enfants ne sont pas accompagnés, beaucoup parce qu'on ne sait pas où sont les parents.
Les gens me parlent aussi du vol de leurs biens par des hommes armés. Le 27 octobre, tous ont évacués à la hâte le camp de Shasha pour aller à Minova, plus au sud. Quand la sécurité dans la zone leur a permis de rentrer, tout était pillé.
Plusieurs dizaines de personnes participent aux groupes de parole et des entretiens personnels sont proposés aux personnes les plus affectées.