J. se trouvait avec son petit frère dans la forêt lorsque des combats ont éclaté. Pris entre deux feux, le jeune homme a été blessé par une explosion. Secouru par des villageois, il a pu être transféré vers l'hôpital de Rutshuru où des médecins MSF l'ont pris en charge. Voici son témoignage.
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J. a seize ans et raconte son histoire d'une voix sourde. De toute évidence, il a encore peur et est sous le choc. Il ne réalise pas ce qui lui est arrivé, il y a deux semaines.
Il était avec son frère de dix ans dans la forêt à proximité de Nyanzale quand des combats ont éclaté. « On s'est retrouvé au milieu d'un échange de tirs. On a eu très peur et on n'avait nulle part où se réfugier. On s'est fait prendre entre deux groupes qui se tiraient dessus.
Soudain, il y a eu une énorme explosion juste à côté de moi. Je suis tombé et j'ai perdu connaissance. Quand je me suis réveillé, mon petit frère pleurait. Il allait bien mais était effrayé par ce qui venait de m'arriver.
J'ai senti une très grande douleur à mon bras gauche, j'ai regardé pour voir. Il était complètement détruit. Mon frère est parti en courant. »
J. est sorti de la forêt et a marché en direction des combats. Il a vu des hommes armés qui ne pouvaient rien faire pour lui. Des habitants des environs sont arrivés et l'ont emmené au centre de soins MSF de Nyanzale. L'équipe de MSF l'a immédiatement transféré en ambulance à l'hôpital de Rutshuru.
« Quand J. est arrivé, il était vraiment mal en point, explique François, infirmier MSF superviseur du service de chirurgie. Il avait perdu beaucoup de sang, il était inconscient et devait être opéré immédiatement. Les chirurgiens ont essayé de sauver son bras, au moins une partie, mais c'était impossible. L'os était trop abîmé pour être sauvé. »
« Quand je me suis réveillé, raconte J., j'avais peur et j'étais triste. Je ne sais pas ce qui va arriver maintenant. Mon père a été tué quand j'étais petit, ma mère est partie avec un autre homme et nous a laissés. Je devais m'occuper de la famille mais, avec ce qui m'est arrivé, je sais vraiment pas comment je vais faire. Maintenant c'est ma sœur qui s'occupe de moi à l'hôpital. Je sais même pas si on peut rentrer à la maison. »
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