Interroger le système pour l’améliorer en profondeur
Au-delà de l’identification et du traitement des cas d’abus rapportés, nous voulions questionner plus profondément nos pratiques de terrain afin de renforcer structurellement l’environnement général de prévention et de répression des abus au sein de MSF.
Les résultats de cet exercice sont clairs : si le fonctionnement de MSF est vu comme globalement vertueux, intégrant bien les risques d’abus et s’efforçant de les réduire par un ensemble de bonnes pratiques, des obstacles subsistent, notamment dans la décision de rapporter les cas d’abus. Certains sont internes à l’organisation, et il nous faut les lever un à un ; d’autres sont liés à l’environnement et au travail au sein des communautés, et il nous faut en être conscients et y travailler.
Ainsi, il a notamment été établi la nécessité de mieux protéger nos collaborateurs les plus vulnérables et moins susceptibles de recourir aux mécanismes d’alerte, à savoir ceux occupant les emplois les moins qualifiés ; de lancer des initiatives de sensibilisation spécifiques vis-à-vis des communautés auprès desquelles nous intervenons ; d’améliorer la mixité et la diversité dans la composition de nos équipes, notamment pour les postes d’encadrement et au sein des équipes de recrutement ; d’être plus vigilants dans les processus de recrutement en nombre liés aux situations d’urgence ; et de favoriser un dialogue franc sur la question des abus avec les organisations que nous appuyons ou avec lesquelles nous collaborons.
L’intervention de MSF menée du 25 avril au 25 juin 2022 en réponse à l’épidémie d’Ebola dans la province de l’Equateur a pris en compte ces leçons. Bien que le nombre de personnes déployées sur place fût très limité – une trentaine d’employés MSF – des sessions spécifiques de sensibilisation et de prévention ont été mises en place à destination de nos équipes mais également du personnel de santé des structures appuyées. La charte comportementale de MSF a, en outre, été incluse dans la convention de collaboration entre MSF et le Ministère de la Santé. Les mécanismes de signalement d’abus ont été rappelés à plusieurs reprises et chacun a été invité à agir immédiatement en cas d’abus.
Par ailleurs, nous continuons à favoriser les discussions et échanges d’idées avec le personnel de MSF en RDC, et au-delà, afin de faire émerger davantage de solutions concrètes pour améliorer de façon structurelle la prévention, l'identification et la sanction des comportements abusifs, qui n’ont pas leur place dans notre organisation.
Le débat qui a émergé ces dernières années sur l’existence d’abus dans les réponses aux crises humanitaires à travers le monde est salutaire. Au sein de MSF, nous voulons continuer à y contribuer de manière transparente et constructive afin de créer les conditions pour que davantage de personnes puissent s’exprimer, que davantage de moyens soient mis en place pour prévenir les abus et les réprimer, et pour lutter contre la perception d’impunité de la part de ceux et celles qui se rendent coupables de ces actes.
Si nous ne sommes pas infaillibles, les efforts que nous fournissons depuis près de 20 ans montrent notre détermination à mettre fin à ces comportements inacceptables.