Le 12 mai 2008, un séisme de magnitude 7,9 frappait la province du Sichuan, au sud-ouest de la Chine. Le bilan a atteint 80 000 morts et 370 000 blessés. L'épicentre du séisme se situait à Wenchuan, au nord-ouest de Chengdu, la capitale de la province du Sichuan.
Quelques 90 000 bâtiments ont été détruits et plus de 10 millions de personnes ont perdu leur logement. Jusqu'à 40 internationaux et 16 nationaux travaillant MSF sont intervenus dans les zones touchées, afin d'offrir une assistance matérielle, médicale et psychologique aux personnes sinistrées.
Phase d'urgence
Distribution de biens de première nécessité
Les premières équipes MSF sont arrivées sur place le lendemain du séisme pour évaluer la situation. Les besoins urgents concernent les abris, l'eau potable et le matériel médical. La plupart des pharmacies de la région ont été détruites et les rescapés ont été confrontés à une grave pénurie de médicaments. En collaboration avec la Croix-Rouge du Sichuan, MSF a donné 4 310 tentes familiales d'hiver pour abriter plus de 25 000 sinistrés et acheminé 300 kg d'équipements médicaux et de médicaments dans la ville-district de Mianzhu, à environ 60 km à l'est de l'épicentre.
Soins médicaux
En dépit d'une réponse locale et nationale massive, les blessés avaient besoin de soins médicaux spécialisés. Dans la région touchée par le séisme, les hôpitaux ont en effet subi d'importants dommages et beaucoup étaient inutilisables. Une équipe MSF comprenant des chirurgiens orthopédistes a apporté son soutien à un centre de référence à Guanghan, ville rattachée à la préfecture de Deyang, très touchée par le séisme. Une autre équipe MSF composée de deux néphrologues a apporté son soutien à trois hôpitaux de Chengdu pour le traitement des patients souffrant du syndrome d'écrasement *. MSF a également apporté un soutien médical à un hôpital d'Hanwang, situé dans la ville de Mianzhu.
* Le syndrome d'écrasement, également appelé "crush syndrome", est le résultat d'une compression prolongée des membres causant une destruction du tissu musculaire (rhabdomyolyse) et la libération de toxines dans la circulation du sang. Les victimes peuvent développer une insuffisance rénale sévère et nécessiter la dialyse. C'est le cas de nombreuses victimes des tremblements de terres graves. S'il n'est pas soigné, le syndrome d'écrasement peut être fatal.
Soins psychologiques
Lors du séisme, les rescapés ont perdu des membres de leur famille, ont vu d'autres personnes être blessées ou tuées, ont été les témoins de destructions massives et ont dû fuir leur logement. De nombreuses personnes souffraient d'avoir perdu des êtres chers et avaient besoin de soins psychologiques pour retrouver un certain équilibre dans leur vie. Les psychologues MSF ont proposé un accompagnement aux victimes du séisme dans un hôpital à Chengdu et un autre à Guanghan. Pendant la période d'urgence, les psychologues de MSF ont proposé « des soins psychologiques de base », qui consistent à écouter activement, manifester de la compassion, encourager un accompagnement social et détecter des problèmes psychosociaux plus graves.
Après l'urgence
Soins psychologiques
Presque deux semaines après le tremblement de terre, la reconstruction était en cours dans la Sichuan. Néanmoins, de nombreuses personnes étaient anxieuses et avaient peur de nouvelles secousses. Elles présentaient de nombreux symptômes psychosomatiques liés au stress. Depuis le 1er juin 2008, une équipe de psychologues MSF propose une éducation psychologique et des soins dans la commune de Longmenshan, à Pengzhou, afin de normaliser les réactions et enseigner des techniques d'entraide pour maîtriser les symptômes. Une autre équipe de psychologues MSF a dispensé des soins psychologiques à Hanwang, dans la ville de Mianzhu, afin de rassurer les rescapés et leur expliquer que la peur et l'anxiété sont des réactions normales et que n'importe qui peut rencontrer ce type de problème.
Jusque septembre 2008, 163 patients ont été suivis et 290 consultations données à Mianzhu. À Pengzhou, MSF a animé en tout 39 séances d'éducation psychologique, touchant ainsi 749 personnes, et 54 séances d'accompagnement individuel.
Période de reconstruction
Presque six mois après le séisme, les bâtiments détruits étaient en cours de reconstruction, mais de nombreuses personnes vivaient encore dans des camps et avaient un futur incertain. Les rescapés continuaient à souffrir de troubles psychologiques tels que le syndrome de stress post-traumatique, l'anxiété, la tristesse ou le manque d'espoir. De plus, il n'y avait qu'un nombre limité de psychologues formés capables d'offrir des soins psychologiques cliniques en Chine.
Activités actuelles dans le Sichuan
En collaboration avec l'Académie chinoise des Sciences et le Centre chinois d'intervention de crise, MSF propose depuis décembre 2008 des soins aux personnes souffrant de troubles psychologiques liés au séisme dans la ville de Mianzhu et dans le Comté de Beichuan, deux des zones les plus touchées du Sichuan.
Sous la supervision des psychologues MSF, dix conseillers chinois offrent des services d'accompagnement psychologique dans les salles de consultation mises en place dans cinq camps temporaires, à Bayi School, YonXhin, Wudu, ZhuLin et Leigu, dans la région de Mianzhu et dans le comté de Beichuan. Après une consultation à domicile où les conseillers déterminent si la personne examinée a besoin d'un soutien ou non, ils proposent une thérapie psychologique brève (de 6 à 20 consultations) afin d'atténuer les symptômes.
Jusque mars 2009, les équipes de MSF ont examiné plus de 650 personnes, suivi 300 patients et donné environ 1 500 consultations. MSF supervise également les dix conseillers chinois et leur propose des formations, afin de les aider à prendre en charge les patients et à assurer une bonne qualité de soins.