Séisme en Équateur : « Les gens ont très peur. Nombre d'entre eux ont dû quitter leurs foyers. »

Dans les ruines de Chamanga Equateur avril 2016
Dans les ruines de Chamanga, Equateur, avril 2016 © MSF

Concha Fernández, coordinatrice de projet MSF, est responsable des deux équipes qui ont été déployées en Équateur afin de répondre aux besoins médicaux générés par le tremblement de terre ayant frappé le nord-est du pays le 16 avril dernier.

Quand êtes vous arrivés en Équateur ? À quelle situation êtes vous confrontés ?

MSF gère un projet à Tumaco en Colombie, une localité très proche de la frontière équatorienne. Deux de nos équipes sont parties de là bas et ont rejoint les zones les plus touchées par le séisme. Je suis partie avec la première équipe et suis arrivée le samedi 16 avril au soir à San Lorenzo. Nous sommes ensuite descendus vers le sud pour rejoindre la province d’Esmeraldas, l’une des zones les plus endommagées par le séisme. Le 18 avril, une seconde équipe s’est rendue, en bateau, sur Pedernales, dans la province équatorienne de Manabi.

Le sud de la province d’Esmeraldas est une région vaste où la majorité des bâtiments et des infrastructures ont été endommagés. Dans certaines zones, 70 à 90% des bâtiments ont été touchés. Heureusement, la plupart des habitants ont réussi à fuir leurs maisons à temps, avant que celles-ci ne s’écroulent.

Quelle est la situation de la population ?

Les gens ont très peur. Nombre d'entre eux ont dû quitter leurs foyers. Sur l’île de Muisne par exemple, 3 000 des 9 000 habitants ont dû être évacués sur le continent et accueillis dans quatre centres. Les 322 habitants de l’île de Portete ont également tous été évacués et sont hébergés dans deux abris temporaires où les conditions de vie sont extrêmement précaires.

L'Équateur a enregistré plus de 400 répliques depuis le 16 avril, dont certaines ont été très violentes. Dans les zones où les bâtiments tiennent encore debout, les habitants érigent des abris de fortune sur les hauteurs car ils ont peur de dormir à l’intérieur des terres ou à proximité des côtes. Malgré la menace d’écroulement, d’autres, des personnes âgées pour la plupart, refusent de quitter leurs foyers, car ils ont peur que le peu qu'il leur reste soit pillé.

Que fait MSF ?

Nous nous sommes rendus dans plusieurs zones du sud d’Esmeraldas afin d'y évaluer la situation et mettre en place un plan de réponse d'urgence. Nous avons soigné treize personnes, dont un enfant asthmatique et une patiente qui souffrait d’une plaie infectée. Le 19 avril, nous sommes allés à Cabo de San Francisco où 200 personnes vivent terrorisées, sous des abris de fortune, avec presque rien. Nous avons proposé des séances de soutien psycho-social à des groupes composés de femmes et d’enfants. Les logisticiens travaillent quant à eux sur les aspects sanitaires et l’approvisionnement en eau.

Quels sont les besoins à Pedernales ?

L’équipe dispose de matériel et d’équipement (trousses de premiers secours, médicaments essentiels) permettant de prendre en charge 500 patients. Si besoin, des donations seront faites au principal hôpital de la ville. Des personnels de MSF et de l’hôpital ont fait du porte-à-porte dans l’un des quartiers les plus touchés afin de proposer un soutien psychologique à la population et tenter de convaincre les habitants de la zone de quitter leurs maisons et de rejoindre les centres d'accueil qui ont été mis en place.

Quels sont les principaux besoins ?

Pour le moment, la population a avant tout besoin de soutien psychologique, d’eau et d'installation sanitaires. Dans les prochains jours, trois psychologues et un logisticien de l’équipe de MSF en Colombie nous rejoindront.

Dans la province d’Esmeraldas, nous interviendrons dans les refuges accueillant des sinistrés à Chamanga, Muisne, Portete et Cabo de San Francisco. La réponse humanitaire se concentre aujourd'hui principalement à Pedernales, mais nous pensons que certains petits quartiers des alentours doivent aussi en bénéficier. C’est pourquoi, nous allons nous y rendre afin d'évaluer directement les besoins.

Une troisième équipe de MSF au Mexique s’est rendue à Manta, à Portoviejo, à Chone et à Flavio Alfaro, au sud de Pedernales ; une quatrième équipe est actuellement en route vers l’Équateur.

Update au 21 avril 2016

Séisme en Equateur : soins médicaux, psychologiques et donations médicales dans les zones les plus touchées

Cinq jours après le tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 ayant touché le nord de l'Equateur, les bilans officiels font état de 570 morts, plus de 7 000 blessés ; 155 personnes sont toujours portées disparues et plus de 24 400 sinistrés vivent dans des abris.

Le 20 avril au matin, une violente réplique, d’une magnitude 6,1, a eu lieu à environ 25 kilomètres à l'ouest de Muisne, l'une des zones les plus touchées par le séisme initial du 16 avril. Pour le moment, le nombre de nouveaux blessés ou l’étendue des dégâts supplémentaires n’ont pas encore été rapportés. Suite à cette réplique, les équipes MSF déjà sur place se sont rapidement mobilisées.

Trois équipes sont déjà présentes en Equateur ; une quatrième devrait rapidement les rejoindre. Au premier jour d’intervention, 25 consultations médicales et 11 consultations psychologiques ont été dispensées à 45 habitants de la ville de Chamanga, située dans la province de Esmeraldas. A Pedernales, une des zones les plus touchées, MSF a donné des médicaments et du matériel médical pour la prise en charge des blessés à l'hôpital ainsi qu’à un centre de santé de la zone. Nos équipes psycho-sociales se sont également rendues dans les centres d’accueil de sinistrés.

Les besoins les plus criants concernent le soutien psycho-social, l’approvisionnement en eau et les donations de bâches en plastique et de bidons pour les personnes déplacées et vivant actuellement sur les sites d’accueil de Muisne, Chamanga et Cabo de San Franciscol (municipalités de Muisne et Pedernales). MSF fournira également des médicaments et du matériel médical à différentes structures de santé des zones touchées. Les équipes de MSF à l’oeuvre dans ces zones prévoient d'étendre et de développer ces activités sur les trois prochaines semaines.

Notes

    À lire aussi