« Il est possible de traiter le cholera, mais il peut être mortel s’il n’est pas diagnostiqué et pris en charge rapidement. Le cholera génère une déshydratation sévère qui peut causer la mort en quelques heures » indique Llanos Ortiz, responsable médical pour les urgences au Soudan du Sud. Moins de trois semaines après le début de l’intervention, 19 personnes sont mortes du choléra, ce qui illustre la nécessité de répondre rapidement pour contenir l’épidémie. Le conflit qui a débuté à la fin décembre a forcé les gens à se regrouper dans des camps de déplacés et des bases des
Nations Unies surpeuplées ou les conditions d’hygiène sont mauvaises. Ceci rend les habitants de la zone plus vulnérables et favorise la propagation de la maladie.
L’absence d’eau potable est un problème récurrent dans cette région. A Wau Shilluk, une zone d’environ 50 000 habitants, les déplacés ont été contraint d’utiliser des eaux de surface non protégées et la plupart des gens défèquent en plein air du fait du nombre limité de latrines. Les pluies torrentielles actuelles charrient les excréments jusqu’aux marres et cours d’eau, complétant ainsi le cycle de transmission oral-fecal et permettant a des maladies transmissibles comme le choléra de se propager. Les organisations humanitaires présentes sur place construisent des latrines et essayent d’améliorer les standards sanitaires, pour permettre à la population de briser le cycle de transmission. Depuis le début du conflit au Soudan du Sud le 15 décembre 2013, différentes parties du Nil Supérieur, dont la capitale Malakal, ont été l’objet de violents combats. Les civils ont payé le lourd tribut de ces violences. L’insécurité permanente qui règne dans cet Etat empêche les gens qui vivent dans la peur de pouvoir accéder à des soins de Santé à temps. Il est impératif que les différentes parties engagées dans le conflit, restaurent la sécurité pour que les habitants se sentent à l’aise pour se déplacer et accéder à des soins de santé.
L’insécurité alimentaire actuelle dans le Nil Supérieur et sa conséquence directe, la
malnutrition, affaiblissent le système immunitaire et rendent les populations encore plus vulnerables aux maladies infectieuses. Les équipes de MSF ont pour le moment admis plus de 3 195 personnes, principalement des enfants, dans les programmes de prise en charge thérapeutique de la nutrition à Malakal, Wau Shilluk, Kodok et Lul dans le Nil Supérieur.
Actuellement, la saison des pluies ne permet pas de planter les semis et à l’inverse, le
paludisme et d’autres maladies propres à la saison des pluies risquent de se développer a l’avenir.
L’augmentation du nombre de cas de choléra et la nécessité de contenir la propagation de l’épidémie ont poussé MSF a mobiliser ses équipes dans d’autres zones au Soudan du Sud et a travers le monde pour venir dans le Nil Supérieur. De concert avec les agents de santé communautaire du ministère de la Santé, MSF sensibilise les populations aux causes, moyens de propagation et de prévention de la maladie. Cependant, alors que le système de Santé est déjà précaire et les populations sont vulnerables, il est nécessaire qu’il y ait plus de personnel médical sur le terrain, pour mieux anticiper et répondre a de telles épidémies et limiter la propagation de la maladie.
Depuis le mois d’avril, plus de 4 765 cas de choléra ont été dénombrés au Soudan du Sud. 109 personnes sont mortes de la maladie, dont 19 dans le Nil Supérieur. MSF a mis en place des centres de traitement du choléra dans différentes zones du Soudan du Sud dont Juba et Torit. L’organisation apporte également un soutien à l’hôpital universitaire de Juba en matière de sanitation et d’accès à l’eau potable.