Soudan du Sud : plus d’un million de personnes touchées par des inondations catastrophiques

Vue aérienne de villages inondés à proximité d'Old Fangak. Soudan du Sud. 
Vue aérienne de villages inondés à proximité d'Old Fangak. Soudan du Sud.    © Florence Miettaux

Depuis 4 ans, le Soudan du Sud subit d’importantes inondations : les deux tiers du pays sont désormais sous les eaux et cette situation affecte plus d’un million de personnes. Les équipes MSF constatent, notamment dans les régions d’Ulang et de Fangak, les conséquences néfastes de cette situation sur la santé des habitants.

« Quand l’eau est arrivée, tout le monde est allé ajouter de la boue sur la digue. Nous y avons travaillé toute la nuit, mais le lendemain matin, la situation était hors de contrôle. Nous avons couru pour sauver nos vies, raconte Nyanyieth Bang, qui vivait dans le comté d’Ulang, situé dans le nord-est du pays. Les inondations ont obligé tout le monde à fuir. Les villages ont été inondés, notre maison s’est effondrée et le bétail s'est noyé. »

Suite aux inondations, de nombreux villages sont devenus accessibles uniquement en bateau. Présentes dans de nombreuses régions du pays, les équipes MSF se sont mobilisées pour s’assurer que des soins de santé soient disponibles jusque dans les zones reculées.

Les équipes MSF se rendent en bateau dans une localité affectée par les inondations. Soudan du Sud.
Les équipes MSF se rendent en bateau dans une localité affectée par les inondations. Soudan du Sud.

« Les inondations ont un impact sur notre capacité à fournir de l'aide et à atteindre les communautés dans le besoin. De nombreuses routes à travers le pays sont rendues impraticables par les inondations. Dans un certain nombre d'endroits où MSF travaille, nos avions n'ont pas pu atterrir, car les pistes d'atterrissage sont impraticables », explique Aline Serin, cheffe de mission MSF au Soudan du Sud.

Vue aérienne du camp de déplacés de Bentiu, entouré par les eaux. Près de 120 000 personnes habitent dans ce camp. Soudan du Sud.
 © Christina Simons
Vue aérienne du camp de déplacés de Bentiu, entouré par les eaux. Près de 120 000 personnes habitent dans ce camp. Soudan du Sud. © Christina Simons

« Ce manque d'accès entrave notre capacité à transporter des fournitures médicales et autres articles essentiels, ce qui met des vies en danger. Cela a également un impact sur notre capacité à transférer les patients qui nécessitent un traitement d'urgence », poursuit-elle.

Ces vastes étendues d'eaux stagnantes sont également devenues un terreau idéal pour les moustiques, entraînant une explosion des cas de paludisme. Entre juillet et septembre 2022, MSF a traité 81 000 patients atteints de paludisme. Les inondations ont entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes, tué des millions d'animaux et détruit des milliers d'hectares de cultures, aggravant la crise alimentaire croissante qui sévit dans le pays.

Une voiture abandonnée suite aux inondations, dans la région de Rubkona. Soudan du Sud.
 © Peter Caton
Une voiture abandonnée suite aux inondations, dans la région de Rubkona. Soudan du Sud. © Peter Caton

Le Programme alimentaire mondial des Nations unies estime que plus de 75 % de la population du Soudan du Sud a besoin d'une aide alimentaire. Les équipes MSF constatent quant à elles une augmentation inquiétante des taux de malnutrition aiguë modérée à sévère. Entre janvier et septembre, elles ont pris en charge plus de 4 200 enfants malnutris.

Une étable inondée dans un village près de l'île de Kuernyapuol, dans le comté d'Old Fangak. Soudan du Sud.

 
 © Florence Miettaux
Une étable inondée dans un village près de l'île de Kuernyapuol, dans le comté d'Old Fangak. Soudan du Sud.   © Florence Miettaux

« Avant les inondations, nous avions l'habitude de cultiver et d'avoir du bétail, mais maintenant toutes les vaches sont mortes à cause des inondations et la terre n'est plus là, explique un habitant de Fangak, dont tout le village a été inondé. Nous n’avons plus de nourriture et nous sommes obligés de manger des nénuphars. Si aucune solution n'est trouvée, nous allons mourir. »

L'entrée de l'hôpital MSF d'Old Fangak. Soudan du Sud.

 
 © Florence Miettaux
L'entrée de l'hôpital MSF d'Old Fangak. Soudan du Sud.   © Florence Miettaux

N'ayant nulle part où aller, des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées dans des camps de déplacés. Le manque d'abris, d'eau potable et d'installations sanitaires dans ces camps entraîne des flambées de maladies infectieuses.

Bien que le pays entre dans sa saison sèche, la population pourrait continuer de souffrir des conséquences de ces inondations. En effet, la perte des récoltes et du bétail devrait entraîner une augmentation des taux de malnutrition. Malgré les besoins humanitaires urgents et croissants au Soudan du Sud, l’aide internationale a été réduite, aggravant encore la situation humanitaire déplorable du pays.

Notes

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