Comme beaucoup d’autres résidents du camp de protection des civils, Kuany espérait que le conflit se résolve rapidement afin qu’ils puissent rentrer chez eux et reconstruire leurs vies. Il avait de bonnes raisons d’espérer ; l’histoire était de son côté. Par le passé, ceux qui s’étaient réfugiés dans des bases des Nations unies étaient rentrés chez eux quelques semaines, voire même seulement quelques jours plus tard. Mais cette fois-ci, la situation n’était pas la même. En seulement quelques mois, la population de réfugiés à Bentiu est passée de 5 000 à 40 000 personnes, et n’a cessé d’augmenter dans les mois et les années qui ont suivi.
« Maintenant, nous vivons ici, dans les pires conditions imaginables », explique Kuany.
Entouré de fossés, de grands monticules de terre surmontés de fils de fer barbelés et par les tours de guet des Nations unies, le camp de Bentiu ressemble, vu du dessus, à un grand carré entouré d’une mer de nature, oscillant entre camaïeu de verts durant la saison des pluies et tons ocres durant la saison sèche.