Soudan : l’épidémie de choléra progresse dans le centre et l’est du pays

Vue d'un centre MSF de traitement MSF du choléra dans la ville d'Atbarah au Soudan. 2024.
Vue d'un centre MSF de traitement MSF du choléra dans la ville d'Atbarah au Soudan. 2024. © MSF

En août, les autorités soudanaises ont déclaré une épidémie de choléra, qui touche actuellement les États de Kassala, Gedaref, Khartoum, d’Al-Jazirah et du Nil. Selon le ministère de la Santé, plus de 5 000 cas de choléra et 191 décès ont été signalés. Au cours de la deuxième quinzaine d'août, les cas hebdomadaires de la maladie ont été multipliés par quatre. Les équipes d'urgence de MSF apportent leur soutien en traitant les patients et en fournissant de l'eau et des services d'assainissement. 

C'est la deuxième année depuis le début de la guerre en avril 2023 que le pays est confronté à des épidémies de choléra conséquentes. « Les pluies torrentielles et les fortes inondations ainsi que les conditions de vie déplorables et un accès insuffisant à l’eau potable, en particulier dans les camps surpeuplés de déplacés, ont créé un terrain propice à la propagation de cette maladie souvent mortelle », explique Esperanza Santos, coordinatrice d’urgence de MSF au Soudan. 

Dans la ville de Kassala, par exemple, de fortes pluies et des crues de rivières ont détruit les infrastructures d’eau et d’assainissement, ce qui a fortement dégradé les conditions de vies des personnes déplacées et des réfugiés érythréens et éthiopiens. Et ceci s’inscrivant dans un contexte général extrêmement fragile marqué par un système de santé du Soudan décimé, des taux de malnutrition infantile croissants et un nombre élevé de blessés de guerre.  

Les équipes MSF déployées à Khartoum ainsi que dans les Etats du Nil, de Kassala et de Gedaref se sont mobilisées pour aider le ministère de la Santé à faire face à l’épidémie, en mettant en place et en gérant des centres et des unités de traitement du choléra ou en apportant un soutien aux structures médicales dans les zones les plus touchées ou les plus difficiles d’accès. Plus de 2 160 patients ont ainsi été pris en charge par MSF entre la fin du mois d’août et le 9 septembre.

Un enfant pris en charge par les équipes MSF dans le centre de traitement du choléra de Kassala au Soudan. 2024.
 © Mohammed Elhassan
Un enfant pris en charge par les équipes MSF dans le centre de traitement du choléra de Kassala au Soudan. 2024. © Mohammed Elhassan

Provoqué par une infection intestinale d'origine hydrique, le choléra se transmet par la nourriture et l'eau contaminées, ou par contact avec des matières fécales ou des vomissures de personnes infectées. Le choléra peut provoquer une diarrhée et des vomissements sévères, et peut entrainer la mort en quelques heures, s'il n'est pas traité. « Un homme est arrivé inconscient dans notre structure. Il était en état de choc, à cause de la déshydratation. C'est une situation critique. Nous avons réussi à le ranimer, notamment en lui injectant une solution de réhydratation », se souvient Angela Giacomazzi, coordinatrice des ressources humaines à Tanedba. 

Les équipes MSF installent des points de réhydratation orale, transportent de l’eau potable par camion, construisent des points d’eau, pour le lavage des mains et des latrines, distribuent des kits d’hygiène et mènent des actions de sensibilisation ans les communautés touchées. « Des gens meurent du choléra en ce moment même. C’est pourquoi nous demandons à l’ONU et aux organisations internationales de financer et d’intensifier leurs activités, en particulier les services d’eau et d’assainissement, qui sont essentiels pour arrêter la propagation de l’épidémie », explique Frank Ross Katambula, coordinateur médical de MSF. 

Après quasiment 17 mois de difficultés et d’obstructions dans l’acheminement de l’aide humanitaire au Soudan, MSF appelle également les parties au conflit à faciliter un accès sans entrave du personnel médical et des fournitures à toutes les zones qui en ont besoin à travers le Soudan. « On risque de manquer de kits contre le choléra à un moment où il est urgent d’intensifier la réponse. Nous appelons les autorités à accélérer et à faciliter la livraison de fournitures et de médicaments, car les obstacles bureaucratiques restent un défi majeur », conclut Frank Ross Katambula. 

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