Soudan : « Nous pourrions être forcés d’arrêter nos opérations humanitaires »

Le Dr Shahzid Majeed, médecin MSF, en discussion avec des collégues de l'hôpital de Bashair à Khartoum. Soudan. 2023.
Le Dr Shahzid Majeed, médecin MSF, en discussion avec des collègues de l'hôpital de Bashair à Khartoum. Soudan. 2023. © MSF/Ala Kheir

Les équipes MSF, présentes au Soudan avant le début du conflit en avril 2023, ont développé des opérations d’urgence en soutien aux populations touchées par les combats. Le Dr Ahmed Abd-elrahman est un médecin soudanais qui travaille depuis plus de 17 ans avec MSF. Actuellement directeur des opérations de MSF à Bruxelles, il exprime son inquiétude quant aux possibilités pour l’association de continuer à intervenir dans ce contexte.

Depuis le 9 mai, l'équipe chirurgicale de MSF à Khartoum a traité plus de 400 patients, parfois gravement blessés. Les cliniques mobiles ont reçu plus de 1 000 patients en seulement quelques semaines. Les activités que nous menons au Soudan sauvent des vies et il est crucial qu’elles puissent continuer.

Malheureusement, je suis préoccupé par notre capacité à poursuivre nos actions. Si nous ne pouvons pas remplacer notre équipe chirurgicale à Khartoum, cette intervention pourrait s’arrêter. L’équipe opère sans interruption depuis plus de dix jours. Combien de temps va-t-elle tenir à ce rythme ? Sans personnel supplémentaire, et sans possibilité de livrer du matériel là où il manque, certaines de nos activités pourraient être suspendues.  

Tous les jours, nos équipes sont témoins de l'impact des combats sur les populations de Khartoum et du Darfour, et des conséquences sanitaires sur les personnes déplacées dans des zones comme Wad Madani, au sud de la capitale, où le système de santé est extrêmement sollicité.

Nous avons réussi à faire rentrer certaines fournitures dans le pays, mais l'accès reste très difficile et nos déplacements sont entravés. Les pillages et les attaques contre les établissements de santé et les entrepôts ont considérablement réduit le stock que nous avions prépositionné dans le pays. Il est crucial que les approvisionnements puissent continuer à entrer au Soudan et à circuler librement.

Plus inquiétant encore, de nombreuses structures de santé manquent de personnel médical. Le peu de professionnels de santé qui travaillent encore au Soudan subissent une pression extrême et notre association a peiné à faire entrer dans le pays du personnel international supplémentaire au cours des deux dernières semaines.

Nous avons du mal à obtenir des visas, alors qu’il nous en faudrait de toute urgence. Sans personnel supplémentaire et sans possibilité d’organiser notre approvisionnement, nous pourrions être forcés d’arrêter nos opérations humanitaires dans de nombreuses régions du pays. Il est essentiel que les parties au conflit comprennent cela pour que nous puissions travailler et aider la population.

Notes

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