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Tchad : une aide humanitaire insuffisante pour les réfugiés du Soudan dans la région de Sila

Une clinique mobile MSF installée dans le camp de Daguéssa. Des femmes accompagnées de leurs enfants attendent de recevoir une consultation médicale dans la zone de triage.
Une clinique mobile MSF installée dans le camp de Daguéssa. Des femmes accompagnées de leurs enfants attendent de recevoir une consultation médicale dans la zone de triage. © MSF/Giuseppe La Rosa

Depuis le début de la guerre au Soudan, le 15 avril 2023, plus de 600 000 personnes ont fui vers le Tchad voisin. Dans la région frontalière de Sila, quelque 90 000 réfugiés vivent dans des conditions très précaires, et les besoins humanitaires ne sont pas couverts.

« Au Soudan, j’ai vu des choses horribles. J’ai vu des gens tués et blessés devant mes yeux. Et après, sur la route pour le Tchad, j’ai vu les gens en fuite se faire dépouiller du peu de choses qu’ils avaient », témoigne Alimè. Elle a fui le Soudan avec sa fille et a trouvé refuge à Daguéssa, au Tchad, son pays d’origine. Comme la plupart des personnes sur place, le peu d’aide qu’elle reçoit pour vivre est loin d’être suffisant.

Beaucoup de Tchadiens ayant fui le Soudan n’ont plus aucune attache dans ce pays. Comme les autres réfugiés, ils sont arrivés au Tchad à la recherche de protection et d’assistance. « Je suis seule ici. Mon mari est resté au Soudan. Je suis venue à la clinique MSF parce que mon fils est malade », explique Awa, venue faire soigner son nourrisson. Le fils d’Awa souffre de paludisme et de diarrhée. Il est hospitalisé au centre de santé de Daguéssa où les équipes MSF stabilisent les patients dans un état critique. « Dans le camp, nous venons tous d’endroits différents, nous ne nous connaissons pas, poursuit-elle. Je n’ai pas de carte pour recevoir des rations alimentaires, nous récoltons de la paille dans la brousse, et nous la vendons aux locaux pour avoir quelque chose à manger. »

Dans le village de Goz-Aschiye, les habitants partagent leurs maigres ressources avec les nouveaux arrivants, mais la nourriture manque cruellement. Les distributions sont rares dans cette zone et ne suffisent pas à couvrir les besoins de l'ensemble des habitants, la majorité étant des Tchadiens rentrés au pays depuis le début du conflit au Soudan. « Une femme m’a confié que ses enfants n’avaient rien mangé depuis quatre jours. Comment parler de santé et de prévention à quelqu’un qui meurt de faim ? », rapporte Goumsou Mahamat Abadida, promotrice de santé MSF dans le projet d’urgence de la région de Sila, dans lequel 1 563 enfants malnutris ont été admis en 2023. « Notre intervention vise à garantir un minimum de services de santé dans le camp de Goz-Aschiye, mais elle ne peut pas pallier les énormes besoins humanitaires que l’on voit dans ce camp», déplore-t-elle.

Vue d'une distribution d'eau organisée par MSF dans le camp de Daguéssa.
 © MSF/Giuseppe La Rosa
Vue d'une distribution d'eau organisée par MSF dans le camp de Daguéssa. © MSF/Giuseppe La Rosa

Depuis mai 2023, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) gèrent une clinique mobile trois jours par semaine et une tente de stabilisation d’une capacité de 10 lits dans le centre de santé de Daguéssa. Elles réfèrent vers des centres médicaux plus spécialisés les patients qui souffrent de pathologies nécessitant des soins secondaires. MSF déploie également chaque semaine des cliniques mobiles sur les sites d'Andressa et de Goz-Aschiye, qui dispensent respectivement 200 et 300 consultations par semaine en moyenne. 

Les équipes notent plusieurs cas d’infections respiratoires, de diarrhées, de paludisme ainsi que beaucoup de cas de malnutrition aigüe sévère chez les enfants de moins de cinq ans. Afin d’améliorer les conditions d’hygiène et l’accès à l’eau potable, les équipes ont aussi commencé à fournir de l’eau potable avec des camions citernes et construit plusieurs forages. Néanmoins, l’accès de la population à l’eau potable n’atteint toujours pas les standards minimums qui sont de l’ordre de 15 à 20 litres par jour et par personne, alors que la plupart des gens à Daguéssa n’ont accès qu'à six litres d'eau quotidiennement. Associé aux conditions de vie précaires, cela augmente le risque d’émergence de maladies infectieuses.

 « La réponse humanitaire dans cette région isolée reste encore inadéquate, en raison du manque de fonds et d’acteurs présents sur place, ce qui ralentit l’aide nécessaire aux populations déplacées, explique Khatab Muhy, chef de mission MSF au Tchad. Même avant la crise soudanaise, les régions orientales du Tchad étaient déjà confrontées à une insécurité alimentaire chronique. L’afflux de réfugiés soudanais et de tchadiens de retour depuis l’année dernière, ainsi que les besoins croissants qui en résultent, mettent à rude épreuve les ressources très limitées et les infrastructures sanitaires fragiles du pays. »

Notes

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