Beaucoup de Tchadiens ayant fui le Soudan n’ont plus aucune attache dans ce pays. Comme les autres réfugiés, ils sont arrivés au Tchad à la recherche de protection et d’assistance. « Je suis seule ici. Mon mari est resté au Soudan. Je suis venue à la clinique MSF parce que mon fils est malade », explique Awa, venue faire soigner son nourrisson. Le fils d’Awa souffre de paludisme et de diarrhée. Il est hospitalisé au centre de santé de Daguéssa où les équipes MSF stabilisent les patients dans un état critique. « Dans le camp, nous venons tous d’endroits différents, nous ne nous connaissons pas, poursuit-elle. Je n’ai pas de carte pour recevoir des rations alimentaires, nous récoltons de la paille dans la brousse, et nous la vendons aux locaux pour avoir quelque chose à manger. »
Dans le village de Goz-Aschiye, les habitants partagent leurs maigres ressources avec les nouveaux arrivants, mais la nourriture manque cruellement. Les distributions sont rares dans cette zone et ne suffisent pas à couvrir les besoins de l'ensemble des habitants, la majorité étant des Tchadiens rentrés au pays depuis le début du conflit au Soudan. « Une femme m’a confié que ses enfants n’avaient rien mangé depuis quatre jours. Comment parler de santé et de prévention à quelqu’un qui meurt de faim ? », rapporte Goumsou Mahamat Abadida, promotrice de santé MSF dans le projet d’urgence de la région de Sila, dans lequel 1 563 enfants malnutris ont été admis en 2023. « Notre intervention vise à garantir un minimum de services de santé dans le camp de Goz-Aschiye, mais elle ne peut pas pallier les énormes besoins humanitaires que l’on voit dans ce camp», déplore-t-elle.