Territoires palestiniens - Naplouse : une nouvelle forme de violence

Après la seconde Intifada de septembre 2000, Naplouse, l'une des villes les plus peuplées de Cisjordanie, s'est retrouvée isolée, enfermée sur elle-même. Aujourd'hui, une nouvelle forme de tension s'exerce : la cohabitation forcée avec des colonies israéliennes - de plus en plus nombreuses et de plus en plus proches. Un problème qui s'est récemment intensifié et qui occasionne de nouvelles souffrances psychologiques auxquelles MSF répond.

Il ya quelques années, de nombreux barrages militaires entouraient la ville de Naplouse, empêchant ses habitants de circuler librement. Depuis la mi-2009*, des droits d'entrée et de sortie plus fluides aux barrages militaires ont permis aux Palestiniens de circuler plus librement ; grandes villes, villages et centres économiques sont désormais plus accessibles, ce qui facilite le commerce et la consommation.

Désormais, c'est à l'Autorité Palestinienne (AP) d'assurer le maintien de l'ordre, un rôle tenu auparavant par l'armée israélienne. Ce sont les nouvelles forces de sécurité de l'AP qui se chargent d'arrêter et d'interroger la plupart des personnes suspectées de mener des activités contre Israël ou contre le parti palestinien au pouvoir en Cisjordanie.

Mais une nouvelle forme de tension s'exerce  et s'intensifie : la cohabitation forcée avec des colonies israéliennes - de plus en plus nombreuses et de plus en plus proches - source de nouvelles souffrances psychologiques.

La violence change de visage. S'il y a aujourd'hui, à Naplouse, moins d'incursions de l'armée israélienne (dans les localités et camps palestiniens de la zone) et moins de morts liés au conflit israélo-palestinien, les tensions n'ont pas pour autant disparu.

En effet, les colonies continuent, elles, une expansion, justifiée par leur « croissance naturelle ». On compterait 300 000 colons au total en Cisjordanie, dont une dizaine de colonies rien que sur la zone de Naplouse. Protégés par l'armée israélienne, les plus radicaux des colons intensifient leur harcèlement sur les habitants de la ville et des villages alentours. Agissant en toute impunité, ils imposent la violence comme étant le « prix à payer », par les Palestiniens, pour toute décision du gouvernement israélien qui tendrait à ralentir le développement des colonies en Cisjordanie.

De nouvelles souffrances psychologiques émergent. Depuis quelques mois, au cours de leurs consultations, nos équipes constatent que la souffrance psychologique de certains de nos patients a une nouvelle origine. Ces derniers, essentiellement des femmes et des enfants, vivent à proximité de colonies fortement idéologisées, souffrent de troubles psychologiques graves liés aux exactions répétées des colons (intimidations, jets de pierres, tirs sur les maisons, destructions des champs et plantations, incendies des mosquées etc.)

Ouvert en 2004, le programme psycho-médico-social mené par MSF est destiné à ces populations victimes de violences. Si Naplouse compte suffisamment de structures de santé et d'acteurs sociaux, seule MSF propose une approche clinique, basée sur des thérapies courtes. Nos équipes (composées de psychologues, d'un médecin et d'une assistante sociale) tentent de soulager la souffrance psychologique des victimes de violences. En fonction des besoins, nos psychologues réfèrent également des patients au médecin et au travailleur social MSF, ainsi qu'à d'autres structures et organisations d'aide.Une évaluation, menée en 2009, a démontré que notre programme était pertinent quant à la qualité des soins proposés. : le travail de nos équipes a des effets durables et permet à nos patients de retrouver une vie « normale ».

 

Nous intervenons aussi dans les camps de réfugiés et les villages environnants de Naplouse, des zones cernées par les colonies où le niveau de violence est important, ainsi qu'à Tubas et Qalqilia, deux gouvernorats voisins de Naplouse, où les populations, très exposées et vulnérables, ne bénéficient pas de soins psychologiques.

MSF fournit des soins psychologiques de qualité, suit la situation et s'adapte rapidement aux nouvelles réalités en répondant aux besoins qui en découlent. Car du fait, entres autres, des tensions exacerbées autour de la colonisation, les habitants de Cisjordanie vivent dans un contexte très volatile. A tout moment, la situation peut gravement se détériorer.

En 2009, MSF a pris 301 patients en charge sur Naplouse.

* (Suite à une meilleure maîtrise de la sécurité, en Cisjordanie, par les forces de l'Autorité Palestinienne et dans le cadre de la nouvelle stratégie du gouvernement Israélien de « paix économique »

A Hébron

A Hébron, la section espagnole de MSF vient également en aide aux victimes de harcèlement par les colons. Un phénomène qui n'est pas récent : depuis 1967, un nombre important de colonies se sont en effet établies au cœur de la ville (dans une zone connue sous le nom de « H2 » où 800 colons israéliens vivent parmi 40 000 Palestiniens et où le maintien de l'ordre dépend de l'armée israélienne). De nouvelles habitations ont été construites, au détriment des Palestiniens, obligés de quitter leurs maisons. Une situation qui vaut aussi pour d'autres zones plus rurales du district.

Harcelés par les colons et par les soldats israéliens, nos patients en subissent les conséquences psychologiques. A l'image de M, de F et de leurs trois enfants. En 2008 et 2009, MSF leur a apporté une assistance psychologique, médicale et sociale étalée sur plusieurs mois. En mars 2008, ils ont été expulsés par l'armée israélienne ; jusqu'à ce qu'une décision de justice les autorise à revenir chez eux. Depuis, ils subissent le harcèlement constant de la part des colons vivant dans les immeubles adjacents.


Pour en savoir plus sur les tensions croissantes autour de la colonisation


Nlay...

Notes

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